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Bolotny : « Maitriser l’ensemble des leviers »

Economiste au centre de droit et d’économie du sport à Limoges, Frédéric Bolotny décrypte la façon dont s'organise la revente d'un club de l’envergure de l’OM.

Comment revend-on un club comme l’OM ?
Il faut déjà un acheteur et un vendeur qui arrivent à se mettre d’accord sur le prix. Lorsqu’un actionnaire veut vendre, il fait souvent appel à un mandataire qui recherche le candidat idéal et surtout solvable.

Selon vous, sur quels critères doit on s’appuyer pour revendre un club comme l’Olympique de Marseille ?
Pour être actionnaire d’un club comme l’OM, il faut avoir une véritable surface financière. C’est un club qui a une vraie valeur, c’est la marque du football français malgré un palmarès vierge depuis quelques années. Il y a un centre d’entrainement, il y a un « actif joueurs », mais ce qui fait vraiment la force de l’OM c’est sa marque. Après il y aussi des contraintes, on sait que le management n’y est pas évident, que les dirigeants du club n’ont pas le contrôle sur tout. On connait le poids des supporters qui gèrent une partie des abonnements. Il faut essayer de maitriser un maximum l’ensemble des leviers !

Comment doit-on gérer un club comme l’OM ou les dirigeants n’ont pas forcément la main sur tout ?
A Marseille, on ne contrôle pas le remplissage des stades, ce n’est pas obligatoirement simple. C’est justement là-dessus que les clubs français doivent travailler parce que si les clubs français connaissent en moyenne un déficit par rapport à la concurrence étrangère, c’est sur les recettes « matchs days » (l’ensemble des recettes de jour de match). Or une grande partie de l’écart entre les recettes des clubs français et celles des clubs étrangers vient plus du prix moyen du billet plus que l’écart d’affluence. Il faudrait donc légèrement augmenter le prix du billet, mais de manière modérée pour ne pas se couper de la base populaire.

Aujourd’hui, quelle société pourrait, selon vous, reprendre les rennes de l’actionnariat de l’OM ?
Je pense que l’on se situerait dans les investisseurs qui aurait des projets en matière d’immobilier. On a déjà eu l’exemple avec Colony Capital (actionnaire majoritaire du Paris Saint Germain) qui a racheté une société spécialisée dans les études et la gestion des stades. C’est justement un secteur qui est complètement sous-développé aujourd’hui en France et qui, je pense, tendrait à se développer. Reprendre l’OM pour une société d’un tel secteur d’activité serait donc relativement intéressant dans la mesure où ca lui donnerait une certaine légitimité.

La rédaction - Fabrice Aubry