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Charbonnier : « On a déjà gagné notre Coupe du monde »

Qualifiée pour la première fois de son histoire pour une phase finale de Coupe du monde, l’équipe de Tahiti des Moins de 20 ans débute la compétition vendredi soir face à l’Espagne au Caire (20h30). Pour son sélectionneur et DTN, Lionel Charbonnier, la qualification est déjà un extraordinaire exploit.

Lionel, comment abordez-vous ces championnats du monde des Moins de 20 ans en Egypte ?
De la façon la plus sereine possible. Mais il y a beaucoup de pression. On essaie d’enlever tout le stress qui pourrait être néfaste à l’entame de la compétition. On sent même de la peur. Cela fait plus d’un an que l’on travaille ensemble. Ce n’est pratiquement pas une sélection, c’est une équipe de club. Mes joueurs jouent ensemble depuis un an après avoir été incorporés dans le championnat de Division 1 de Tahiti. Ils se connaissent parfaitement.

Quel est l’objectif de votre équipe qui sera, et de loin, le petit poucet de cette Coupe du monde ?
On est humble. Dans ce monde de professionnels, Tahiti va montrer les valeurs du sport : le don de soi, l’abnégation et la discipline sur et en dehors du terrain. Si on se comporte ainsi, le peuple de Tahiti pourra être fier de ses joueurs. On s’est préparé en métropole face à des équipes pros afin de ne pas être trop surpris lorsqu’on va rencontrer l’Espagne, le Nigéria et le Venezuela, nos adversaires. Il ne faut pas s’attendre à ce qu’on gagne la Coupe du monde. Mais on espère jouer les trouble-fêtes. Le but est de ne pas encaisser un premier but trop tôt.

Y-a-t-il un engouement à Tahiti ?
On ne sait pas. On est parti depuis longtemps. Nous sommes à 30.000 kilomètres de chez nous. On a coupé tous les portables et moyens de communications. Ça peut être un handicap pour les joueurs, mais ils le vivent très bien.

Pouvez-vous nous présenter votre équipe ?
Nous n’avons pas trop d’individualités. A ce niveau, nous sommes beaucoup moins forts que l’Espagne, le Nigéria et le Venezuela. On a donc mis l’accent sur le groupe. Il y a deux ou trois joueurs qui peuvent ressortir du lot. Mais lorsqu’on a joué en France, les recruteurs ne les ont pas remarqués. Peut-être nous voyons-nous trop beaux. Selon moi, un joueur comme Alvin Tehau sera un très bon stoppeur de Ligue 1. Je ne connais pas ses limites et lui non plus. Notre force, c’est que personne ne nous connait. J’espère qu’on ne sera pas ridicule.

En quoi l’expérience du Mondial 98 vous sert-elle aujourd’hui ?
Je me sers de tout. Aux côtés d’Aimé Jacquet, il n’y avait que du positif. Je ne fais que répéter bêtement ce que lui et mes autres entraîneurs m’ont inculqués. J’arrive à anticiper. Les joueurs s’en rendent compte. On a un an d’avance sur les coups anticipés. Aujourd’hui, les joueurs ont une grande confiance en moi et en mon staff. S’il y a un mur en face d’eux, on peur leur dire : « Allez-y, c’est du carton, vous ne vous ferez pas mal. » Ils vont y aller. Ce que j’ai appris auprès de Zidane, Blanc et les autres, c’est la confiance en soi. Mes Tahitiens, si on les croit surfeurs dans l’âme, doivent avoir confiance en leur football. Ce n’était clairement pas le cas quand j’ai pris en main l’équipe.

Avez-vous un rêve ?
Créer la surprise et passer le premier tour. Mais qualifier Tahiti avec 10.000 licenciés et 400 joueurs à ma disposition pour composer un groupe de 20, c’est déjà notre victoire en Coupe du monde.

La rédaction