Clerc : « Je dois être écologiste ! »

L'ailier du XV de France défie l'Irlande samedi au stade de France. - -
Vingt-deux essais inscrits dans votre carrière internationale, sept contre l’Irlande dont un triplé et le fameux essai qui prive l’Irlande d’une victoire historique à Croke Park. Comprendriez-vous que les Irlandais puissent vous en vouloir ?
Oui, je peux comprendre ! Je ne peux pas l’expliquer, il y a une certaine forme de réussite contre eux sur les trois derniers matchs… Je dois être écologiste, le vert, mon développement durable, j’aime les verts il faut croire. Plus sérieusement, c’est une équipe que j’aime, au-delà de la réussite que j’ai pu avoir contre eux. Une belle équipe, un beau peuple, avec un bel esprit, je prends toujours du plaisir à les affronter.
Vincent, vous avez passé le cap des quarante sélections, quel regard posez-vous sur votre carrière ?
Il y a eu des hauts et des bas… C’est sûr, il y a un avant et un après ma blessure. Ca a marqué ma mi-carrière. Paradoxalement, ça m’a regonflé à bloc pour la suite. On joue tellement, on enchaîne tellement que finalement on n’a pas le temps de savoir ce que l’on fait, où on en est. Il n’y a que la blessure qui permet de se détacher un peu de ce monde du rugby professionnel. Alors on prend un peu de recul et là on se dit, « wow ! »… Même si ça n’est pas agréable, ça permet de rebooster ma carrière.
Pour vous, tout est allé très vite, à 20 ans à peine…
A Grenoble, je sortais de la catégorie junior, j’avais été appelé à deux jours de la reprise de la saison en équipe 1. Je ne m’attendais pas du tout à basculer dans le monde professionnel. On m’a plus ou moins proposé un contrat pro, les choses ont traîné et huit mois plus tard j’ai été contacté par le Stade Toulousain, les choses sont allées hyper vite ! En huit mois, je suis passé de junior à PRO D2 puis à l’équipe première de Toulouse. Je n’ai pas calculé quoi que ce soit.
On a l’impression que vous êtes marié au Stade Toulousain, y finirez-vous votre carrière ?
Je suis plus âgé, plus mûr qu’en début de carrière, je suis en fin de contrat avec le Stade, je réfléchis un peu différemment, je me dis qu’il me reste deux contrats maximum à signer avant de raccrocher les crampons. Là, je regarde un peu plus l’avenir sérieusement, je pense à l’après-rugby, il faut que je profite de mes six dernières saisons de rugby. Je ne sais pas si je finirai ma vie au Stade. Pour l’instant j’y suis bien. On va voir comment ça se passe, mais une aventure ailleurs pourrait me tenter aussi, je ne ferme aucune porte. Vraiment.
« Je ne ferme aucune porte »
Après Jacques Delmas qui vous a lancé à Grenoble, vous avez ensuite eu à faire à trois entraîneurs seulement. Une petite revue de détail ?
Guy Novès m’a donné la possibilité d’évoluer à Toulouse, d’y progresser, il m’a donc ouvert les portes de l’équipe de France. Guy, j’apprends encore à ses côté chaque jour. Bernard Laporte m’a donné mes premières sélections, ma participation à ma première coupe du monde. Il y a eu des hauts et des bas... J’ai appris sur moi-même, dans ces moments de remise en question, de colère… Il a fallu digérer des décisions. Marc Lièvremont, Didier Retière, qui ont incarné la continuité après ma coupe du monde puis qui m’ont relancé après ma blessure. Ils étaient encore joueurs il n’y a pas si longtemps, ils ont une approche très actuelle du rugby. Finalement ce sont trois registres très différents !
Vous n’avez peur de rien pourtant votre surnom « Chicken » signifie littéralement poule mouillée ! D’où vient ce surnom ?
« Chicken », c’est Xavier Garbajosa qui le premier m’a surnommé comme ça. Un match, un jour, mon casque me tombe sur les yeux, je ne vois plus rien mais je continue mon action en aveugle avec le bras en avant (rires)… Une course de poulet sans tête… Poulet, chicken, voilà. Mais plus personne ne me surnomme comme ça, à part Clément Poitrenaud