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"J'ai été abasourdi": Bafétimbi Gomis très ému par la mort de Bernard Lacombe, son "papa" spirituel

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Bafétimbi Gomis a réagi mercredi pour RMC Sport à la mort de Bernard Lacombe. Véritable mentor, la légende des Gones a même parfois joué le rôle d'un père et l'ancien buteur a tenu à lui rendre un superbe hommage.

A l’image de nombreux passionnés, de supporters de l’Olympique Lyonnais et d’anciens footballeurs, Bafétimbi Gomis a tenu à réagir à la mort de Bernard Lacombe. Présent à Los Angeles pour y suivre des cours de management sous l’égide de la Fifa, l’ancien buteur international a d’abord brièvement salué la mémoire de son illustre prédécesseur dont il était très proche d’un "Merci papa, tu vas me manquer". Mais le Varois passé de l’ASSE à l’OL en 2009 a ensuite partagé son émotion au micro de RMC Sport.

"J’ai été abasourdi. Ça a été très difficile. J’étais en train de suivre des cours de management et puis je n’arrivais plus à me concentrer et à travailler", a expliqué celui qui a pris sa retraite en 2024. "J’avais une pensée pour lui parce que c’est vraiment un père pour moi. Il m’a été d’une grande aide dans ma vie professionnelle ou dans ma vie privée. On était très proches, on passait chaque fois du temps ensemble."

"Des conseils qui m’ont servi tout au long de ma carrière"

Très touché par la perte de celui qu’il considère comme un père, Bafétimbi Gomis s’est ensuite souvenu de certains moments complices passés avec Bernard Lacombe. Devenu entraîneur puis directeur sportif de l’OL, l’ex-attaquant international occupait un rôle de conseiller de Jean-Michel Aulas lors du passage de La Panthère chez les Gones. Une fonction qui l’a poussé à donner un coup de main à certains joueurs de l’effectif pro.

"Tous les dimanche matin à 7h, on se donnait rendez-vous à l’église et on passait du temps ensemble. J’ai repensé à tous ces moments aussi où on se promenait à Gerland sur la pelouse et où il faisait en sorte que j’aie mes repères. Il me donnait des conseils qui m’ont servi tout au long de ma carrière comme il l’a fait avec Sonny Anderson, Karim Benzema ou Alexandre Lacazette", s’est encore remémoré Bafé Gomis auprès de RMC Sport.

"Il m’a marqué, déjà pour le grand homme et le grand joueur qu’il était. Même si je ne l’ai pas vu jouer, quelqu’un qui a marqué 255 buts en Ligue 1 quand il parle, tu vas l’écouter. Il savait de quoi il parlait et il m’a donné des conseils. Moi qui ai vécu un transfert difficile de Saint-Étienne à Lyon, il m’a amené tout de suite à l’église pour prier."

Avant de poursuivre son bel hommage pour Bernard Lacombe: "Il m’invitait souvent à sa table, on partageait des promenades. C’était un grand homme, d’une grande générosité. Dans son bureau, toutes sortes de personnes venaient avec des grands messieurs comme des personnes qui avaient des petits soucis ou qui voulaient inviter leur enfant ou des petits-enfants au stade sans en avoir les moyens."

"C’était quelqu’un de toujours généreux avec tout le monde, poli avec tout le monde, il prenait le temps de prendre des photos avec tout le monde. Vraiment c’est quelqu’un qui représentait Lyon et sa ville avec une grande fierté."

Un homme de valeurs et de transmission

Véritable icône de l'OL, Bernard Lacombe a eu à coeur de partager son vécu avec les joueurs qui lui ont succédé à la pointe de l'équipe rhodanienne. Mais pour Bafétimbi Gomis, c'est bien grâce à sa personnalité que le troisième meilleur buteur de l'histoire des Gones a laissé une trace indélébile à Lyon.

"C’est magnifique ce qu’il a réussi à réaliser. C’était quelqu’un de très famille, de très humain, d’honnête et loyal. C’était quelqu’un de très respecté, pas par son nombre de buts mais par ses qualités humaines", a ensuite estimé celui qui a notamment pour l'ASSE, l'OL et Marseille en Ligue 1. "Ce que je vais garder de lui? Je vais tout garder de lui, sincèrement. Il m’a transmis des valeurs. Il m’a inculqué et transmis des valeurs. Surtout qu’aujourd’hui je suis un attaquant qui a marqué des buts et qui est retraité et doit transmettre aux générations. Son sens de la transmission et cette capacité à faire passer des messages."

"C’était un bon papa"

Connu pour son franc-parler et sa capacités à dégainer des punchlines ou un mot bien senti, Bernard Lacombe savait aussi comment remobiliser ses chouchous. A écouter Bafétimbi Gomis, son ancien mentor savait quand parler, quand se taire et savait, surtout, quoi dire.

"Je me rappelle parfois de soirées difficiles où je n’avais pas marqué, où j’étais remplaçant sans entrer en jeu donc j’étais énervé. Tout attaquant connait ses soirées-là, je me douchais vite et je rentrais sans dire un mot. Et il n’y avait que Bernard qui, après quelques heures, m’appelait. Il savait aussi quand me laisser jusqu’au lendemain pour me parler. Il m’a évité pas mal de fois de faire des bêtises ou de dire des choses qu’on ne doit pas dire. C’était Bernard! Il savait quand il devait parler, il savait quand il devait laisser du temps, il savait aussi quand il devait m’engueuler parce que parfois on a tort quand tu es jeune joueur en développement. J’ai eu la chance de tomber sur lui. Et après, il m’a montré ce que c’était le haut niveau et l’exigence au quotidien ce qu’on doit s’infliger. C’était un bon papa."

Hommage à Bernard Lacombe / Avec Jean-Michel Aulas – 17/06
Hommage à Bernard Lacombe / Avec Jean-Michel Aulas – 17/06
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Le grand regret de Gomis avec Lacombe

Resté proche de Bernard Lacombe tout au long de sa carrière, à Lyon ou ailleurs, Bafétimbi a continué d'échanger régulièrement avec lui. Très pris depuis sa retraite voilà près d'un an, celui qui compte 12 sélections chez les Bleus a toutefois regretté de ne pas assez l'avoir vu avant que la maladie ne le touche.

"Je me rappelle aussi des fois où il m’a donné des conseils. Une carrière ça se gère et de temps en temps, tu dois aussi penser à ta famille et faire ce contrat qui va faire que tu vas sécuriser ta famille parce que la vie est longue. Il me donnait de conseils, je discutais de mes choix de carrière ou de mes choix de vie. C’est aujourd’hui un jour très dur", a finalement glissé l'ex-attaquant. "Je n’en ai pas dormi et j’aurais aimé passer un peu plus de temps avec lui une fois retraité. Malheureusement la maladie s’est aggravée lorsque j’ai arrêté."

Avant de conclure avec émotion ce bel hommage: "Il m’appelait souvent pour me dire que quand je serais retraité, on passerait du temps ensemble à Lyon. Malheureusement, je n’ai pas pu passer du temps donc c’est ça mon regret."

Jean-Guy Lebreton avec Fabrice Hawkins