"Il va apprendre à rester concentré": Jérôme Alonzo prône l’indulgence avec Lucas Chevalier, qui doit remplacer "le meilleur gardien du monde" au PSG

Son plongeon, légèrement en retard, ne lui a pas permis de dévier le ballon. Lucas Chevalier n’a pas réussi à détourner la frappe égalisatrice d’Ethan Mbappé lors du choc entre Lille et le PSG, dimanche en Ligue 1 (1-1). Sans doute un peu masqué par ses défenseurs, le gardien parisien a encaissé dans les derniers instants une frappe d’Ethan Mbappé que certains estimaient à sa portée.
"Est-ce qu’on considère ça comme une erreur? Moi non", a réagi Jérôme Alonzo lors de son passage dans Rohten s’enflamme, ce lundi sur RMC. "Déjà Beraldo a le droit de contrer un ballon une fois dans l’année. Ce n’est pas vraiment une erreur. Je pense que dans sa perception de l’action, il pense que Beraldo va intervenir et on sent bien qu’il a un petit temps de retard. Des comme ça, il en a sorti. Appeler ça une erreur sur ce but, je trouve ça un peu dur."
"Chevalier n’est pas dans le chapeau 1"
Après sa faute de main lors de la Supercoupe d’Europe contre Tottenham (2-2, 4 tab à 3) et sa sortie aérienne totalement manquée à Marseille (1-0), Lucas Chevalier vit un début d’aventure mitigé à Paris. "Il y a aussi la perception qu’on a de ce que va être Lucas Chevalier au PSG", nuance Jérôme Alonzo. "Si on parle de chapeaux par exemple, est-ce qu’on met Chevalier dans le chapeau 1 avec Donnarumma, Neuer, Courtois ou Maignan? Je trouve que c’est un très bon gardien, mais il n’est pas chapeau 1. Tu remplaces peut-être le meilleur gardien du monde, dans une des meilleures équipes du monde, et on dit: ‘Il faut que tu fasses mieux mais un peu différemment’. Donc c’est compliqué la perception qu’on a des matchs de Lucas Chevalier."
"Pour moi, c’est un gardien qui est aujourd’hui moins fort que Donnarumma. Donc on ne peut pas s’attendre à ce qu’il fasse plus d’exploits que Donnarumma, qui était depuis six mois le meilleur gardien au monde. En qualité, Paris a perdu au change. Mais pour l’avenir, peut-être que Paris va être gagnant."
"Il va être jugé sur un ou deux arrêts"
En attendant, le gardien de 23 ans doit s’habituer à intervenir très rarement au sein d’une équipe qui étouffe régulièrement ses adversaires, sans concédé beaucoup d’occasions: "Lille n’était pas une équipe dominante, ni en France ni en Europe, donc Lucas a eu beaucoup d’arrêts à faire la saison dernière. Et quand il y a beaucoup d’arrêts à faire, forcément, ce que tu fais de moins bien, ça passe au second plan et on retient beaucoup tes exploits. Dieu sait que Lucas en a fait beaucoup la saison dernière", observe Jérôme Alonzo, qui a évolué au PSG entre 2001 et 2008. "Quand tu es une équipe dominante comme le PSG, tu deviens ce que j’appelle les gardiens à un ou deux arrêts. Et ça, c’est un autre métier. Il va apprendre la patience, à rester concentré et parfaitement hermétique tout le match. Parfois, ça va être une sortie aérienne, un arrêt, une sortie au pied, une relance compliquée… Et Lucas va être jugé sur un arrêt ou deux et non plus sur cinq ou six. La grande différence va être là, je pense."
"Il a tout pour y arriver"
L’ex-portier de 52 ans est tout de même persuadé que Lucas Chevalier a le potentiel pour devenir un taulier dans les prochaines années: "Il n’est pas dans le chapeau 1, mais il a tout pour y arriver dans les saisons à venir (…) Il est fort mentalement. Après ce qui me dérange, c’est qu’on l’entend dire toutes les semaines qu’il n’a pas la pression. Moi, je crois qu’un gardien, il faut qu’il ait la pression. C’est bien de l’avoir. Je pense que ça ne lui sert pas de dire chaque semaine qu’il n’a pas la pression. Il doit commencer à l’appréhender et à la dompter. Un garçon qui a la pression, c’est très bon."
Une pression encore plus forte pour un gardien français à Paris? "C’est une vraie question", souffle Jérôme Alonzo. "Il y a la jurisprudence Areola. Je me rappelle qu’Alphonse, on ne lui a rien passé du tout quand il est arrivé au PSG avec de grosses qualités. Au PSG, il y a la jurisprudence Raï pour les joueurs de champ. Un joueur de champ peut être mauvais comme un cochon pendant un an et on dira toujours: ‘Mais rappelez-vous, Raï il n’a pas été bon pendant un an’. Oui, mais des Raï, il y en a eu un dans l’histoire du PSG. Et pour les gardiens par contre, tout de suite, il y a un jugement qui tombe. Sirigu, Trapp, Areola, même Buffon... Le jugement qui a été fait tout de suite ne leur a pas laissé de seconde chance. Le jugement des gardiens, à Paris ou à Marseille, est plus dur que le jugement des joueurs".