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Comment le National peut changer de dimension d'après Pascal Perri

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Le championnat National 2016-2017 s’est terminé par un formidable suspense en haut et en bas du classement. Strasbourg et Amiens, qui évoluaient dans ce championnat la saison précédente, sont les deux lauréats qualifiés pour accéder directement de Ligue 2 en Ligue 1. ! Les fondations de ce championnat sont solides. Et ce dernier peut changer de braquet… à certaines conditions.

En quelques saisons, le National a beaucoup gagné en qualité sportive. Le football qu’on y pratique est spectaculaire et engagé même si l’exigence défensive fait la différence: les meilleurs défenses occupent invariablement le haut du tableau. C’est à cet égard une école exigeante de la rigueur. C’est aussi un championnat marqué par l’imprévisibilité du résultat : les moins bien classés ont souvent donné la leçon aux équipes de tête. Seulement 10 points séparent le 1er du 9eme et 3 des 4 dernières places se sont jouées à presque rien, à l’issue d’une course contre la montre qui condamne Epinal, CA Bastia, Sedan et Belfort. Rien n’était encore joué en haut comme en bas du classement avant la dernière journée de compétition. Le stade de Châteauroux a accueilli plus de 12 000 spectateurs pour le dernier match contre les Herbiers et Sedan qui jouait sa survie à ce niveau a évolué devant 10 000 personnes. Progressivement, le National change de statut. Il n’est plus tout à fait un purgatoire sportif, il devient peu à peu la pépinière du haut niveau.

Chez nos voisins européens, la troisième division professionnelle est une antichambre de l’élite : en Angleterre, la finale des Play Off de League One (3ème division) entre Millwall et Bradford s’est jouée samedi 20 mai à Wembley devant 55 000 personnes. La troisième division anglaise est dans le top Ten des affluences européennes. En Allemagne ou en Italie le championnat de troisième division bénéficie du statut professionnel. En France, le National vit avec les contraintes du professionnalisme mais sans ses recettes. Les revenus des clubs sont en réalité très inégalitaires. Les clubs relégués de L2, encore protégés par le statut professionnel et les équipes des villes importantes ou des métropoles bénéficient d’un avantage financier significatif.

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Renforcer le National

Dès lors, comment faire évoluer le statut du National ? Avec quelques efforts de mise en valeur, ce championnat pourrait devenir un produit audiovisuel à part entière. Canal + titulaire de ses droits enregistre des audiences moyennes à 57 000 spectateurs par rencontre, avec une pointe à 110 000 pour Paris Football club-Marseille Consolat. La demande existe, l’offre est disponible ; reste à créer les conditions de la rencontre entre l’une et l’autre. C’est un potentiel levier de croissance pour les revenus des clubs concernés.

Dans leurs stades, les clubs sont invités à améliorer l’offre de billetterie et à soigner les conditions d’accueil de leurs publics. Il faut ouvrir les stades aux familles, aux jeunes, multiplier les offres à destination des femmes, proposer des services pour les groupes. Les autorités organisatrices du football pourraient dans le même esprit revoir le positionnement des rencontres. Ainsi, le passage du vendredi soir au samedi après midi doperait les affluences comme c’est le cas partout ailleurs en Europe.

La nouvelle formule des barrages a rencontré un vrai succès. Les rencontres opposant en match aller et retour le 3e du National (Paris FC) et le 18e de ligue 2 (US Orléans) ont réuni du public, dans les stades ou devant la télévision (Canal + et BeinSport) et produit un suspense sportif supplémentaire. Au mois d’août prochain, le National accueillera quatre nouvelles équipes issues du CFA. Grenoble et son formidable stade des Alpes retrouvent le haut niveau et Cholet arrive en National avec des ambitions et des moyens. SSG et Rodez seront de partie. Le National a (presque) tout d’un grand.

Pascal Perri