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Corse : les langues se délient

Le chaos règne entre Havrais et Ajacciens, le 29 novembre 2009

Le chaos règne entre Havrais et Ajacciens, le 29 novembre 2009 - -

Alors que l’affaire Gazelec-PFC fait l’objet de procédures disciplinaire et pénale, plusieurs témoignages anonymes viennent dresser un portrait sans concession des mœurs du football corse. Accablant.

Feu de paille ou énième exemple d’un football corse hors la loi ? Les versions divergent entre dirigeants du Paris Football Club et du Gazelec Ajaccio après les accusations de violences portées par Alain Mboma, l’entraîneur des Parisiens, à l’encontre de Christophe Ettori, directeur sportif du GFCO. Reste que plusieurs récits, recueillis par RMC Sport, donnent indirectement raison au PFC.
« Quand on va là-bas, on y va pour le nul ou la défaite, raconte ce jeune joueur qui évolue dans la catégorie des moins de 17 ans de National. Les coaches sont au courant, ils savent comment ça va se passer. Quand tu sors des vestiaires, on te dit ‘‘T’es mort, tu repartiras pas’’. Sur le terrain, on prend des coups de coudes, des semelles, des tacles au niveau des genoux. C’est un truc de fou ! L’arbitre ne siffle jamais. »
Les années passent, mais rien ne change. « Quand j’étais gamin, j’ai vu un arbitre permettre à un joueur expulsé de revenir en jeu sous la pression », racontait le défenseur de 21 ans du GFCO, Yohan Bocognano, avant la demi-finale perdue contre Lyon (4-0). Un autre joueur de National, d’une équipe première cette fois, raconte les pressions exercées par le Gaz sur les joueurs. « Un de nos joueurs s’est fait menacer, il a reçu des insultes racistes. Le coach a préféré ne pas l’aligner. »

« On ne pouvait plus bouger, on prenait des marrons de tous les côtés »

On en revient à Christophe Ettori. Suspendu 5 mois par la FFF pour des débordements en Coupe de France contre Toulouse début 2012, le directeur sportif des Gaziers est un habitué. « Ettori est devenu très agressif envers le banc, raconte un entraîneur de National, il nous disait ne nous rasseoir et de rien demander à l’arbitre. Il fallait vite sortir de l’enceinte et remonter dans le bus. » Réponse d’Ettori, joint par RMC Sport : « Je suis quelqu’un de passionné, je suis comme un entraineur adverse, je suis entier, mais je n’ai manqué de respect à personne. » Le coach de National et ses troupes avaient eu moins de chance contre le Sporting Bastia. « Il y a eu une bataille rangée dans le couloir avec 10 stadiers à l’entrée du tunnel et 10 autres à l’autre bout pour qu’on ne puisse plus bouger et prendre des marrons de tous les côtés. »

Le technicien déplore le laisser faire des autorités. « La FFF ferme les yeux, l’arbitre nous a demandé de le protéger et on s’est pris 500 euros d’amende... » Un fatalisme partagé par le joueur de National, cité plus haut. « Les délégués devraient être plus sévères, ça permettrait d’assurer la sécurité des joueurs. » Joint au téléphone, Noël Le Graët n’a pas souhaité s’exprimer sur la sujet pas plus que sur l’affaire PFC-Gazelec, instruite par la FFF depuis mercredi. Les instances semblent prendre la mesure du problème. Il a fallu pour cela qu’un entraîneur brise l’omerta. 

Le titre de l'encadré ici

Des durs à cuire derrière le Sporting Bastia|||

Comme sur le continent, l’île de Beauté a ses extrémistes du foot. Dans ce registre, c’est le Sporting Bastia qui se distingue des autres formations corses. Le 22 avril 2011, les Bleu et Blanc se déplacent à Fréjus pour y valider leur accession en Ligue 2. Cinq cents supporteurs font le déplacement au stade de Saint-Raphaël. Sur le trajet, un groupe de Corses qui faisait escale à Nice met à sac le restaurant La Goélette après avoir affronté des hooligans niçois au cours d’un fight. Résultat : un blessé parmi les policiers, un blessé du côté bastiais, quatre Niçois interpellés. Au retour, les autorités feront transiter les supporteurs par Livourne… La mauvaise réputation de certains éléments en marge du Sporting nous est confirmée par un hooligan parisien. « Les Bastiais font la guerre aux Niçois, ce sont leurs ennemis. Nous, on les a affrontés autour de Furiani. C’est une violence politique. Ils n’ont jamais aimé la France. » L.C.