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Agassa : « Je revois les copains crier dans le bus »

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De retour du Togo, Kossi Agassa reprend progressivement contact avec le terrain. Mais le gardien d’Istres ressent un grand besoin de parler pour évacuer de sa mémoire la fusillade de Cabinda. Pas facile à peine deux semaines après les événements.

Kossi, comment vous sentez-vous après avoir repris l’entraînement ?
Vu ce qu’il s’est passé, je suis déjà content d’être sur le terrain et sur mes deux jambes pour pouvoir jouer au football.

Comment se sont passées les retrouvailles avec vos coéquipiers et parlez-vous beaucoup de ce qu’il vous est arrivé en Angola ?
Tout le monde dans le groupe était content de me retrouver. Ça fait du bien d’en parler pour évacuer le plus vite possible, ce qui n’est pas possible si je garde ça pour moi.

Quelles images vous restent en tête ?
Le plus difficile est le moment où ils nous ont pris dans l’embuscade. Voir tout ce sang couler dans le bus… Je revois les copains crier dans le bus : « Je suis atteint » ou « J’ai pris deux balles ». Notre gardien (Kodjovi Obilale) a lui crié « Je veux voir mes enfants ». J’en ai pleuré. Et puis il y a un silence total. Il (Obilale) ne répondait même plus. On a eu très peur à ce moment-là. Nous avons été évacués sans trop savoir ce qu’il avait. Aujourd’hui, dieu merci, il a été opéré en Afrique du Sud et ça s’est bien passé. Mais deux personnes sont mortes (un entraîneur adjoint et le chargé de communication, ndlr).

En faîtes-vous encore des cauchemars ?
Pendant quelques jours, c’était difficile de dormir. Je revoyais les images dès que je fermais les yeux. Ça me réveillait dans la nuit. Aujourd’hui, ça va mieux. Ça passe petit à petit même si ça peut revenir dans la tête de temps en temps. A force de jouer des matchs, avec la pression de la compétition, je vais pouvoir oublier ces événements.

« Il faut revenir à la vie normale »

Avez-vous envie de rejouer rapidement ou de prendre votre temps ?
Il faut revenir à la vie normale. Le football est notre boulot et retrouver le terrain est le meilleur moyen de passer à autre chose. Dès que j’ai su que la CAN était finie pour nous, j’ai pris des nouvelles du club pour savoir comment ça se passait à Istres. J’ai suivi le match contre Metz (2-2, le 16 janvier) par Internet. J’ai dit à mes coéquipiers que j’allais revenir le plus rapidement possible parmi eux pour finir ce qu’on a commencé depuis le début de la saison (Istres occupe actuellement l’avant-dernière place de Ligue 2, ndlr).

Suivez-vous la Coupe d’Afrique des nations ?
Non. On partait pour jouer cette compétition et elle se déroule finalement sans nous. Ça ne vaut plus le coup. Quand tu la regardes, tu te dis que t’as raté un truc important. Heureusement, j’ai déjà disputé trois CAN dans ma carrière. Aujourd’hui, je pense surtout à tourner la page.

F.G. (RMC Sport)