CAN 2013 : Le Mali, au nom du peuple

Seydou Keita - -
Le Mali a rendez-vous avec l’histoire, ce mercredi à Durban (16h) pour la demi-finale de la Coupe d’Afrique des Nations face au Nigéria. Pour la première fois depuis 51 ans, les Aigles ont en effet l’occasion de se hisser en finale de la CAN. A l’attente de la performance sportive s’ajoute surtout l’espoir de tout un peuple qui trouve dans le parcours de sa sélection une échappatoire aux événements qui secouent le pays depuis le 19 janvier et le début de l’intervention militaire française. « On a eu des échos du pays, on sait que c’est la fête là-bas, savoure Patrice Carteron, le sélectionneur français du Mali. A un moment crucial de la vie du pays, ça nous touche énormément de savoir qu’on apporte autant de bonheur à tous ces gens. »
Une semaine après le début de l’opération Serval, la délégation malienne a abordé la CAN en pensant fort aux siens. « D’habitude, on joue pour les trois points ou pour aller en quarts mais cette fois, il y a ces évènements, explique Seydou Keita, l’irréprochable capitaine. Si on pouvait gagner la CAN, ça pourrait unir les gens et changer quelque chose. Inconsciemment, on se surpasse pour notre nation. » La preuve : en quarts de finale, les Maliens se sont offerts le scalp de l’Afrique du Sud (1-1, 3 tab 1), pays organisateur, dans un stade complètement acquis à la cause des locaux. Face au Nigéria, tombeur de la Côte d’Ivoire (2-0) et nouveau favori désigné, la troupe de Patrice Carteron fera figure d’outsider. Mais la force qui l’habite la pousse à se sublimer.
Keita : « Une seule obsession, offrir ça à notre nation »
« Tout ce qu’il se passe au pays renforce les joueurs. L’état d’esprit du groupe est exceptionnel, témoigne ce dernier. Je sens des gars qui veulent bien faire, qui sont demandeurs. Ils ont tellement conscience de ce qu’ils peuvent apporter à leur pays que je n’ai pas grand-chose à dire en termes de motivation. » Il en faudra d’ailleurs, ce mercredi, pour passer ce fameux cap des demi-finales pour la première fois depuis 1972 (date de l’unique finale disputée par le pays). Plusieurs fois, le Mali a en effet eu l’occasion de prendre part à la finale comme l’année dernière (défaite 1-0 face à la Côte d’Ivoire), mais aussi en 2002 (défaite 3-0 face au Cameroun) et en 2004 (défaite 4-0 face au Maroc).
Seydou Keita (33 ans), auteur du but égalisateur en quarts de finale, en fait presque une affaire personnelle, lui qui participe pour la sixième fois à la compétition. « Je sais que je devrais arrêter à un moment, j’ai envie d’offrir ça à mon pays en ces moments difficiles, espère l’ancien Lensois. Toute la délégation malienne - joueurs et l’encadrement – n’a qu’une seule obsession, c’est d’offrir ça à notre nation. Ça nous motive, on imagine la fête que ça pourrait être ! »
Le titre de l'encadré ici
Retrouvailles avec Keshi|||
Cette demi-finale sera également le théâtre de retrouvailles entre l’actuel sélectionneur des Super Eagles, Stephen Keshi, et le Mali qu’il a entraîné entre 2008 et 2010 (élimination du Mali en phases de poule de la CAN). « Il nous a entrainés jusqu’en 2010. Il ne connait plus tous les joueurs de l’équipe mais nous, on le connait beaucoup, s’amuse Seydou Keita. On sait comment il fonctionne. Le Nigéria a peu d’individualités, mais joue sur son collectif et avec quelques anciens avec de l’expérience. » Patrice Carteron adhère et prévient : « On est en demi-finales, il faut à la fois les respecter mais aussi se dire qu’en jouant avec notre cœur, il faut croire en nos chances. A l’inverse des quarts de finale où la Côte d’Ivoire était sous pression, le Nigéria est maintenant vu comme le futur vainqueur de la CAN. Ils ont fait un énorme match face aux Ivoiriens. On a quelques jours pour hausser notre niveau de jeu et créer la surprise. »