Aulas : « Un match à l’ancienne »

Jean-Michel Aulas - -
Jean-Michel Aulas, Lyon l’emporte largement sur la fin mais que ce fut compliqué face au Gazélec Ajaccio…
C’était chaud, avec une équipe du Gazélec de très bonne qualité. Le Gazélec avait l’opportunité fantastique d’aller en finale du Stade de France. Ils jouaient chez eux une demi-finale et avaient des chances de réaliser l’exploit. Les choses sont rentrées dans l’ordre avec un excellent arbitrage de M. Ennjimi, qui ne s’est pas laissé impressionner en seconde période. Il y a eu des risques de blessure. D’ailleurs, les joueurs ont un certain nombre de stigmates. Mais bon, la logique a été respectée.
Lyon a bien failli se faire surprendre par cette équipe corse. Avez-vous eu peur ?
C’était dur. Ça s’est peut-être joué sur trop d’engagement physique. Un peu de chance aussi pour nous sur les contres du Gazélec. A Chypre (contre Nicosie en Ligue des champions, ndlr), ça a basculé aussi sur pas grand-chose. L’enfer de la Corse, sans faire offense à ses habitants, n’a rien à avoir avec celui qui nous attendait à Nicosie. Tirer les penalties à Chypre, on n’a pas su le faire. Ça ne s’est joué à rien. Mais notre victoire aujourd’hui (mardi), c’est d’avoir été capable de se resserrer après une aussi grande déception.
On vous a vu à la mi-temps, prêt à intervenir alors que la tension montait sérieusement devant les vestiaires.
C’était un match un peu à l’ancienne. Au-delà de l’image d’un président qui défend son club et ses joueurs, je pense que, de temps en temps, il ne faut pas avoir peur et se faire respecter, parce que ça ne se passait pas trop bien pour entrer dans le vestiaire. Ça s’est ensuite arrangé. A la fin, je suis allé voir le capitaine et l’entraîneur. Je trouve qu’ils ont vraiment fait un très bon match. On n’a pas laissé la recette au Gazélec, comme cela avait été demandé, mais aux joueurs et à leur coach, parce que ce sont quand même eux qui ont joué et qui ont fait un match magnifique.
Bafétimbi Gomis a reçu des jets de banane. Avez-vous envie de donner des suites à ça ?
Bafé me le dira. Il y a eu en effet des jets de banane sur le terrain. J’en parlerai avec lui. C’était très passionné, très chaud. S’il y a eu des dérapages, on regardera ce qui s’est passé. Sinon, on repart sur une finale et l’équipe va rester ce soir sur Ajaccio, preuve que le climat n’est pas si difficile que ça. Les choses se sont terminées de façon positive.
Lyon était au plus mal après son élimination en huitième de finale de la C1 contre Nicosie. Et vous voilà en course pour la troisième place en Ligue 1 et en finale des deux coupes nationales…
C’est la marque de fabrique du club, d’essayer, dans la difficulté, de se resserrer avec des gens qui marchent dans le même sens. On a un entraineur de qualité, qui a su se remettre en question. Les conseils qui lui ont été donnés ont été pris comme des orientations. Quand vous avez des éléments comme Lisandro (Lopez), Hugo (Lloris), Källström ou le petit Lacazette, qui est toujours là quand il faut… vous avez des joueurs de qualité et des joueurs de valeurs. Ce qui fait qu’on peut résister dans la tempête, c’est d’avoir des valeurs et de les appliquer même quand ça tangue.
Votre équipe est bien partie pour glaner un ou deux titres. Mais elle peut aussi tout perdre. Ne rien gagner et finir quatrième serait quand même un échec pour vous ?
Oui. Il faut avoir pour objectif non seulement de remporter les deux coupes et d’ambitionner cette troisième place, qui est encore possible. Ce serait une des meilleures saisons de l’Olympique Lyonnais. Vous savez, on cherche toujours à s’améliorer. Même quand il n’y a pas de titre de champion de France, il y a des compensations qui peuvent transformer une saison moyenne en très bonne saison. »
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Gomis, la banane de la discorde
L’engagement avait été maximal sur le terrain. La tension, tellement palpable, à l’image des nombreuses injures et autres défis lancés en quelques minutes entre Lyonnais et Corses après l’expulsion d’Anthony Colinet. Mais la demi-finale Gazélec-Lyon semblait tout de même partie, après une seconde période bien plus tranquille, pour se terminer dans le calme. C’était sans compter sur Bafétimbi Gomis. L’international français, après avoir inscrit le quatrième et dernier but de la partie, n’a pas pu s’empêcher de chambrer le public local. Et de mettre ses mains derrière ses oreilles. Geste tout de suite condamné par les joueurs corses, qui chahutent aussitôt l’effronté. Désolé en fin de match par son geste, « Bafé » est venu s’expliquer. « J’ai entendu des cris de singe et j’ai reçu une banane qui m’a touché, raconte-t-il. C’est pour ça que j’ai mis la main derrière les oreilles pour célébrer mon but, a-t-il expliqué. Je me suis laissé emporter. Je suis triste parce que je pense à tous mes frères de couleur qui jouent dans le continent et qui entendent des choses pas normales. Je m’en excuse parce que j’aurais dû montrer l’exemple en tant que professionnel. » Touché par la haine de certains supporters à son égard, Gomis a craqué. Ce dont ne lui tient pas rigueur son président. « Il y a eu visiblement des jets de banane. J’en parlerais avec « Bafé ». Ce match était très passionné, très chaud. S’il y a des dérapages, on verra ce qui s’est passé. » Après l’affaire de la vraie-fausse demande de délocalisation du match, puis le début d’échauffourées dans les couloirs de François-Coty, voilà qu’un nouveau scandale pourrait pointer le bout de son nez autour de ce Gazélec Ajaccio-Lyon.