Brouard : après la Coupe, l'ambition

Régis Brouard - -
Cela fait quatre ans que Régis Brouard donne tout à la cause jaune et noire, quatre ans qu’il se débat avec les limites fonctionnelles d’un club amateur (voir ci-dessous). Pour lui qui a évolué un peu en D1 (Montpellier de 1990 à 93) et beaucoup en D2 (Bourges, Niort, Red Star, Caen, Nîmes), les facilités et le potentiel du monde pro lui manquent. Et il ne s’en cache pas : « Quand vous avez vécu dans cet univers professionnel, vous ne pouvez aspirer qu’à le retrouver », martèle l’entraîneur de l’US Quevilly.
Son travail dans la banlieue rouennaise n’est pas passé inaperçu. La demi-finale de Coupe de France atteinte en 2010 (défaite face au PSG) était un incroyable exploit. Comment dès lors qualifier la finale qui l’attend samedi soir au Stade de France contre Lyon ? En ajoutant l’ascension la saison dernière en National, le bilan de ses années quevillaises est faramineux. Forcément, l’ambition suit. « Quel entraîneur ne voudrait pas évoluer au-dessus, voir quelles sont ses limites ? Notre philosophie de jeu, la façon de travailler, le discours peut-il passer à l’étage supérieur ? ».
Ces interrogations devraient bientôt avoir une réponse, s’il gère aussi bien son intersaison que son parcours en Coupe. « J'ai été contacté, pas directement, mais il y a des approches qui se font petit à petit. J’ai beaucoup de recul sur ça, beaucoup de tranquillité. Si ça doit venir, ça viendra tout seul. Il n’y a pas lieu de forcer les choses aujourd’hui », croit-il. Il devra se souvenir au moment de préparer ses bagages de la trajectoire déclinante de Ladislas Lozano, l’entraîneur de Calais en 2000, lors de la dernière finale disputée par un club amateur (contre Nantes, 1-2). Ou même de ses propres espoirs déçus après l’épopée de 2010, courtisé par Reims avant un cruel échec.
Comme ses joueurs, Régis Brouard veut progresser. Grégory Beaugrard, son défenseur et capitaine, pense qu’il a tous les atouts pour retrouver le monde pro. « Ça dépend du groupe qu’il aura sous ses ordres. Mais s’il adhère à son projet, il pourra entraîner n’importe quel équipe et obtenir d’aussi bons résultats », jure-t-il. Son président Michel Mallet ne sera pas un frein à un départ, pour trop de services rendus, mais il ne désespère pas de le retenir encore un peu. « Il a encore deux ans de contrat avec nous. Ça se passera en bonne intelligence, projet contre projet, ambitions contre ambitions. S’il a une belle proposition, ça l’amènera peut-être à partir. Mais on prendra la décision en commun. Régis sait ce qu’il a réalisé avec Quevilly mais aussi grâce à Quevilly. » Ce n’est pas Brouard qui va lui donner tort. Mais l’argument pourrait bien ne pas suffire…
Le titre de l'encadré ici
USQ et système D |||
A proximité de son futur nouveau stade, Jean-Michel Aulas a déjà imaginé un centre d’entraînement ultra-moderne, bien plus que l’actuel Tola-Vologe. L’US Quevilly se satisferait bien d’un seul de ses terrains synthétiques. Le club de Seine-Maritime possède bien un partenariat avec la ville voisine de Grand-Couronne, qui lui prête un terrain en gazon et des vestiaires des plus spartiates. En échange, les joueurs offrent un peu de leur temps aux jeunes du club. Mais en Normandie, les cieux peuvent être capricieux. « Parfois, avec la pluie ou la neige, on doit trouver un terrain synthétique en deux heures dans l’agglomération. On passe des coups de fil et on met tout le matériel dans la voiture », sourit – jaune – l’entraîneur Régis Brouard.
Si le système D fait partie du folklore d’un club amateur, qualifié ou non pour la finale de Coupe de France, les Normands apprécieraient parfois un confort plus moelleux. « Derrière le terrain, il y a les usines de raffinage. La vue n’est pas terrible et il y a parfois les odeurs qui ressortent », grimace le défenseur Frédéric Weis. Les moyens limités de l’USQ freinent aussi les ambitions du préparateur physique, David Fouquet, en même temps qu’ils stimulent son imagination. « Je bricole au quotidien, j’imagine. J’ai récupéré une vieille paire de skis, j’ai mis des poids dessus et ils font des courses dessus ! »
Les primes que le club reçoit pour son fabuleux parcours en Coupe de France surtout servir à recruter un ou deux nouveaux contrats fédéraux. Pour ce qui est des infrastructures, c'est la municipalité qui gère. Elle est porteuse d’une grande nouvelle pour son club : deux terrains synthétiques sont en phase d’installation. Frédéric Weis accueille forcément la nouvelle avec bonheur mais n’oublie pas que « ça fait quatre ans que c’est comme ça et quatre ans que ça marche ».