Brouard : « Même dans nos rêves... »

Régis Brouard - -
Régis Brouard, parlez-nous de cette folle soirée…
C'est incroyable, tout simplement. Le scénario fait de cette soirée une incroyable soirée. Marquer à la dernière seconde... On m'a dit que le chrono affichait alors 93 minutes et 2 secondes. La première mi-temps fut compliquée. Nous avons été très timides. On manquait d'initiatives, de folie. De ce côté, le banc a joué un rôle important. Il a apporté la vivacité qui, je pense, les a embêtés. En deuxième période, on sentait qu'à chaque attaque rennaise, nous étions à la limite, et puis est venu ce dernier ballon en profondeur...
Qu'avez-vous dit à vos joueurs à la pause ?
Il fallait essayer de les rassurer. Je sentais chez eux de la frustration. Il a fallu positiver, leur remonter le moral. Je leur ai dit que le scénario nous était favorable. Et je le pensais sincèrement. Quand tu es mené contre ce genre d'équipe, ça peut être réglé rapidement. Mais avec ce stade, et un peu plus de folie dans le jeu, la situation pouvait se retourner. A 0-1, le match était loin d'être terminé. On pouvait marquer à la 92e minute. Mais de là à penser qu'on inscrirait le deuxième but à la 92e...
Un mot sur le public ?
Pour moi qui ai été professionnel à Caen, c'est très particulier. J'avais rarement vu une telle ambiance a d'Ornano. Tout ce soutien populaire de la Normandie ! On ne peut que leur tirer un grand coup de chapeau. Aujourd'hui (mercredi), cette victoire appartient à tout le monde. A tout le foot amateur ainsi qu'à toute la Normandie.
Comment imaginez-vous le Stade de France ?
Plein, ce serait bien (sourire). Avec toute la Normandie, Haute et Basse pour nous soutenir. Imaginez un seul instant ce que représente, pour un club amateur comme le nôtre, une finale au Stade de France ! Même dans nos rêves, personne n'aurait pu l'imaginer. Et pourtant, c'est chose faite aujourd'hui.
N'est-ce pas difficile de garder la tête froide au milieu d'une telle euphorie ?
Ne vous inquiétez pas pour moi, je le vis très bien (sourires). J'intériorise sans doute, mais j'éprouve beaucoup de joie et de fierté pour mes joueurs. Cela fait quatre ans que je vis avec la plupart d'entre eux. Je connais beaucoup de leur vie. Avant d'être des joueurs de foot, ce sont des hommes. Quand vous vivez ces moments-là, ça dépasse le simple cadre du sport.
A titre personnel, cette nouvelle épopée devrait vous ouvrir quelques portes...
Je l'espère. Si vous connaissez ne serait-ce qu'un seul entraîneur qui n'a pas envie d'aller voir au-dessus, dites le moi. Je prends beaucoup de recul sur la situation. J'ai mal vécu l'échec d'il y a deux ans (en demi-finale contre le PSG, ndlr). Si quelque chose doit se présenter, cela viendra tout seul. Ce soir, je n'y pense pas. Je m'en fous même royalement ! »