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Coupe de France: rescapé d’un accident d’avion, formé au PSG... le drôle destin de Patrick Videira, l'entraîneur du Mans

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Patrick Videira, coach du Mans depuis cet été, va retrouver le PSG où il a été formé sans jamais jouer en professionnel, ce mardi (21h10) en 8es de finale de la Coupe de France. Un joli clin d’œil pour celui qui a épousé une carrière d’entraîneur après un accident d’avion qui aurait pu lui coûter la vie.

L’histoire est connue mais vingt ans après, elle fait encore froid dans le dos. En novembre 2004, des joueurs de Rodez prennent un avion en direction de Bastia pour y jouer un match de Ligue 2. Dans le vol il y a l’entraîneur, Régis Brouard, le capitaine Florent Rech et des joueurs, dont Patrick Videira. Tout se passe normalement, jusqu’au moment où cette porte explose. En dessous, le vide, les nuages et la Méditerranée. L’homme qui se situe juste à côté est Patrick Videira. Il pense alors qu’il va être aspiré dehors, à plus de 6.000 mètres d’altitude. Son corps s’élève mais sa ceinture, qu’il a mis quelques minutes avant, le retient.

"La peur de ma vie"

"J'ai alors été aspiré dans le vide. Ce fut la peur de ma vie. J'ai été retenu par la ceinture que j'avais attachée quelques instants auparavant", raconte alors dans les médias le milieu aussi passé par Cannes, Martigues ou le Portugal. En pleurs et paniqué, il se met au sol et s’agrippe avec ses coéquipiers de peur d’être aspiré à l’extérieur. Des valises, des habits volent. Le vol se termine vingt minutes après, interminable. Patrick Videira est choqué mais son équipe gagne le lendemain. Ensuite, il est logiquement inquiet à l’idée de reprendre l’avion, réessaie la saison d’après mais panique. Il ne prendra plus de vol ensuite pendant treize ans, avec un impact évidemment sur sa carrière, terminée à Gardanne, Martigues, le FC Cote Bleue puis Istres.

Pendant ces treize années, Videira essaie de nombreuses thérapies pour vaincre son stress. "Ma femme m’en parle souvent parce qu’après l’accident je lui avais dit que je verrai la vie différemment mais la vie te rattrape et tu redeviens comme tu es", sourit Patrick Videira au micro RMC Sport. "Ça a été une période importante de ma vie mais je suis passé à autre chose. J’ai eu un arrêt de carrière à cause de ça mais elle m’a permis de basculer rapidement dans le monde de l’éducateur et donc je savais que je voulais rester dans le foot et entrainer. On a tous eu des couacs dans notre vie et ça fait partie de mon histoire."

Lui le voit donc comme une transition vers son métier d’aujourd’hui, dans lequel il donne 100%. "Mes joueurs vous diront, je pense, que je suis très exigeant, impliqué, je vis du foot, je respire foot, c’est mon oxygène je le dis souvent. Je suis rigoureux, je pense que les gens me voient comme quelqu’un de travailleur. J’espère que dans un coin de leur tête ils se disent que je suis un très bon être humain." Son président, Thierry Gomez, ne pense en tout cas pas l’inverse. Il l’a fait venir cet été et l’a soutenu en début de saison, alors que les résultats étaient décevants.

"Il est compétent. Il a des vraies idées sur le foot, un vrai projet de jeu", le défend Gomez. "C’est un gros travailleur, il pense et respire foot 24h sur 24, je lui dis d’ailleurs de prendre un peu de recul parfois, lâcher un peu." Les deux hommes s’appellent quotidiennement, discutent aussi de la vie. Son accident l’a-t-il poussé à plus s’impliquer dans sa seconde carrière? "Ça a peut-être renforcé un peu mais ce n’était pas un beau joueur déjà", sourit Gomez, qui fait le lien avec sa personnalité. "Lui était un vrai n°6, le porteur d’eau qui va mettre des coups, courir, travailler, un vrai travailleur. Il avait déjà cette âme la et il a gardé ça, l’a développé. Je dis souvent que c’est un coach qui mérite de réussir et je vais tout faire pour l’aider."

Barré par une génération dorée au PSG

Son projet de jeu commence à porter ses fruits puisque son équipe n’a plus perdu depuis novembre et espère jouer la montée en L2 (actuellement 6e de National). "C’est un coach très exigeant avec ses joueurs il demande beaucoup, on travaille énormément à l’entrainement, et on voit que ça porte ses fruits", acquiesce l’attaquant Antoine Rabillard. Un personnage accessible et souriant, aussi, au quotidien. "Le coach, on le connaît très bien parce qu’on le voit souvent, on bosse beaucoup ici. On se régale au quotidien, il a des intentions de jeu assez claires, ça passe beaucoup par le travail et les efforts mais je ne pense pas qu’un joueur vous dira qu’il ne prend pas de plaisir. Il est très impliqué, peut-être un peu trop dès fois", plaisante Alexandre Lauray, latéral. "On lui dit qu’il faut qu’il délaisse un peu les choses car il veut tout faire. Il est impliqué à 100% dans la vie du club et c’est très bien."

Le grand public va le découvrir, peut-être comme technicien face au PSG. Un symbole pour le Franco-portugais, formé au PSG sans jamais avoir signé pro. "J’y ai joué pendant onze ans, de sept à 18 ans. J’ai été stagiaire, j’ai joué en N2, N3, U17 Nationaux. Je ne suis pas passé pro car il y avait des garçons beaucoup plus forts que moi dans cette génération: Grégory Paisley, Pierre Ducrocq, Djamel Belmadi, Jérôme Leroy, Sylvain Distin, Nicolas Anelka, Fabrice Abriel… Des gars incroyables. Je n’ai aucune rancœur!"

Le coach connaît encore quelques personnes du staff et de l’intendance du club de l’époque. "J’ai aussi gardé des liens avec Grégory Paisley qui est comme un frère, Pierre Ducrocq est mon agent, Fabrice Abriel on a passé le BEPF ensemble…" Patrick Videira garde un œil sur les performances de son club formateur qu’il aura plaisir à retrouver ce mardi (21h10) en 8e de finale de la Coupe de France. "Mais pendant 90 minutes ou plus, on fera abstraction et on restera concentré sur ce match."

Valentin Jamin