Coupe de France: salariés du TFC, ils vont jouer au Stadium avec l’Union Saint-Jean face à Monaco

"Anat’, il faut des vissés là-dessus!" Paul-Alexandre Cachart, défenseur central de l’Union Saint-Jean, interpelle son coéquipier, le latéral droit Anatole de Dinechin. En caressant la pelouse du Stadium, il lui vient même une pique pour son collègue: "Avec des pelouses comme ça, tu deviens un autre joueur. Bon toi non, mais moi, oui!". Les sourires sont de sortie chez ces deux-là, un peu moins pour Sébastien Chinchilla, blessé le week-end dernier en championnat à Revel, victime d’une désinsertion de l’adducteur gauche et arrêté trois mois.
Car contrairement à leurs coéquipiers, ils ont déjà l’occasion de s’approcher de cette pelouse. Au-delà d’être des cadres de l’USJFC, Cachart, De Dinechin et Chinchilla sont avant tout dans la vie des salariés… du Toulouse Football Club! Analyste vidéo de l’équipe féminine, commercial et préparateur physique, ils sont au contact du haut niveau dans leur quotidien et assistent à tous les matchs de l’équipe Une du TFC. Mais dimanche, c’est bel et bien eux qui auront l’honneur de fouler ce terrain, pour le match d’une vie, à domicile en fait, au Stadium de Toulouse.

"Une excitation qui est palpable"
Assis dans une loge, en tapotant sur le clavier de son ordinateur, Anatole De Dinechin ne peut réprimer un sourire devant le décor d’un Stadium baigné de soleil. "Notre cadre de travail est assez exceptionnel en temps normal, mais là il est encore plus spécial", explique-t-il. "On va fouler la pelouse qu’on voit tous les jours! Donc c’est à la fois une fierté, il y a une excitation aussi qui est palpable. On a tous hâte." Il y a eu l’explosion du tirage au sort puis une certaine retombée. Depuis, le compte à rebours est lancé et chaque jour qui passe voit la pression monter.
D’où l’envie de savoir si ces gens-là arrivent à être pleinement concentrés sur leur travail. "Quand même un petit peu oui, même si on n’a pas d’échéance immédiate avec les féminines", dit Pierre-Alexandre Cachart. "Ce n’est pas parce qu’on joue Monaco que le temps s’arrête, il faut qu’on puisse vaquer à nos missions. Forcément, on y pense beaucoup mais il ne faut pas que cela déteigne sur le travail." Seul hic, les sollicitations en interne. "Dès qu’on voit quelqu’un, c’est 'félicitations pour le match"! "Bravo pour le Stadium!' Alors qu’on n’y est pour rien", en sourit De Dinechin. "Au début ça fait beaucoup, mais ensuite ça alimente toute l’énergie qu’on va mettre dans ce match."
Un échange au "Noël des salariés"
Le soir, sur le terrain d’entraînement de L’Union Saint Jean, après avoir avalé les longues lignes droites sous le sifflet du coach, les coéquipiers en remettent une couche, en passant les bras autour d’eux. "Ils vont nous faire du bien, ils vont nous guider vers la victoire!", "Ils vont nous aiguiller!", "C’est leur jardin!", les chambrages fusent. "Dans un premier temps on va leur montrer le chemin des vestiaires, parce que celui-là on le connaît bien", temporise De Dinechin. "Et après le reste…"
La semaine dernière, au 'Noël des salariés', ils ont même pu échanger avec le staff de l’équipe Une. "Dix jours avant, ils ont affronté Monaco. Ils nous ont donc donné deux, trois conseils. Y compris sur l’approche du match pour nous aider. On aime bien avoir des discussions avec eux, professionnelles ou personnelles. Ce match de Coupe de France faisait partie des sujets sur la table", poursuit Anatole. En espérant un résultat différent (2-0 pour Monaco), dimanche, ils représenteront un peu quelque part le TFC. Différemment, pour un club au budget de 400.000 euros mais tout de même de 750 licenciés.
Avec le rêve ultime de prolonger l’aventure, poussés par des milliers de supporters (le club aimerait s’approcher des 20.000 spectateurs), comme eux l’avaient d’ailleurs fait en supportant le Toulouse Football Club, vainqueur de cette même Coupe de France en 2023. "On était tous les trois au Stade de France quand ils l’ont gagné", rappelle Sébastien Chinchilla. "C’était un souvenir incroyable. Là, on va le vivre en tant que joueur, les émotions seront différentes, mais tout aussi incroyables. On a un bel exemple récent dans ce club, en tant que salarié, à l’intérieur." A eux de prendre la place des pros qu’ils observent chaque week-end. Et de prendre celle des pros de Monaco?