
Miguet, la nouvelle ascension

Romain Miguet - -
Quand il a feuilleté « Le Dauphiné Libéré » au lendemain de la qualification de Chambéry face à Monaco (1-1, 3 à 2 tab), Romain Miguet était « sur un petit nuage. Nous avons écrit l’histoire : le premier club savoyard à passer les 32e de finale ! » Un exploit qui en appelle d’autres : « Faire la même chose, mais avec un club professionnel. »
Etre professionnel : un rêve de gosse que l’attaquant caresse six ans durant à l’Olympique lyonnais, à une heure de route de chez lui : « J’ai été repéré à 13 ans quand je jouais au SOC (Stade Olympique de Chambéry, ndlr). Puis je suis arrivé au centre de formation. » Rapidement, le natif d’Aix-les-Bains passe des caps en regardant par la fenêtre de sa chambre qui domine le centre d’entraînement de Tola Vologe : « Sur la pelouse, il y avait Juninho, Fred, Wiltord, Govou … Le mercredi, nous n’avions pas de foot, alors j’assistais aux séances. Juninho ? Sur dix coups francs, huit allaient dans la lucarne. »
Tout s’arrête pourtant en juin dernier : « Je sentais que … ». Il ne peut finir la phrase, étranglé par un goût d’inachevé. « Les blessures à répétition ne m’ont pas permis de m’exprimer », lâche-t-il. Miguet découvre alors la cruauté du milieu : « J’avais un agent mais je n’en ai plus entendu parler, et ce dès janvier », constate-t-il amer. Alors, à 20 ans à peine, quand il sent l’impasse dans laquelle s’engouffre son rêve, il prend son téléphone : « J’appelle l’entraîneur de Chambéry pour lui proposer mes services. »
« Calais en 2000, le SOC en 2011 »
Affaire conclue après un essai car le joueur se remet d’une opération à la cheville. Et tant pis si le club de la préfecture de Savoie n’évolue qu’en CFA2, l’équivalent de la 5e division française : « Je suis superstitieux, avoue-t-il. C’est ici qu’on m’a repéré avec tous ces buts marqués en moins de 13 ans. » Avec l’espoir que l’histoire bégaye. « J’aime le foot, je vis pour cela, martèle-t-il. Je veux vraiment signer pro. J’y pense tous les jours. Cela prendra du temps, peut-être. Mais j’y arriverai. »
La Coupe de France peut jouer les accélérateurs : « Avant les 32e, j’ai dit aux autres : ‘Et si on gagnait contre Monaco ?’. Ils m’ont répondu : ‘Oui, bien sûr’. » Et Chambéry a gagné. Dans la foulée, le Savoyard s’attaque maintenant à Brest, autre club de L1 : « Un joueur m’a dit : ‘Il y a eu Calais en 2000, il y aura le SOC en 2011 ». Et le début d’une nouvelle carrière dans la foulée ?