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Ils veulent jouer plus de matchs: pourquoi certains clubs rêvent du retour de la Coupe de la Ligue

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En pleine turbulence dans la gouvernance du football professionnel français, plusieurs clubs, qui ne jouent pas les Coupes d’Europe, n’ont pas abandonné l’idée de relancer la Coupe de la Ligue. Un serpent de mer qui pose de nombreuses questions sur les cadences.

"Sur 52 semaines dans l’année, je remplis mon stade uniquement sur une vingtaine de dates entre le championnat et la Coupe de France". Ce constat est celui d’un président d’un club intermédiaire de Ligue 1, fervent partisan du retour de la Coupe de la Ligue, stoppée en 2020. Un autre patron d’un club de Ligue 2, sur la même longueur d’onde, complète: "Ça permet aussi d’apporter des nouvelles recettes pour les clubs, d’avoir des matchs plus régulièrement. Si on prend un mois normal de compétition, les fans ne viennent que deux fois au stade. C’est trop peu pour nous, même en Ligue 2".

Certains coachs de Ligue 1 et de Ligue 2 ne sont pas contre cette idée, avec en arrière-pensée de permettre d’avoir du temps de jeu pour des joueurs qui évoluent très peu en championnat ou de voir des jeunes du centre de formation. "Je comprends que pour certains clubs, avoir seulement 34 matchs dans un calendrier ce n’est pas assez, fait savoir Olivier Létang, le président du Losc. Mais il faut qu’on fasse attention aujourd’hui à notre produit, et donc à la qualité des matchs. Comment voulez-vous que les joueurs soient performants aujourd’hui quand ils font 60/70 matchs dans une saison, c’est impossible".

En début de saison dernière, le sujet a été abordé lors d’une réunion d’un collège de Ligue 1, avec derrière la mise en place d’un groupe de travail. Ce dernier n’a jamais rien donné. Le sujet ne passionne pas les foules, et surtout pas les écuries européennes. Avec la potentielle nouvelle organisation de la gouvernance du football français, qui pourrait voir le jour dans les prochains mois, le sujet n’est pas du tout une priorité. Même si de nombreux interlocuteurs à la FFF comprennent ce sujet d’occupation des temps morts pour les clubs qui ne jouent pas les Coupes d’Europe.

"Qui va acheter ce produit?"

"On n’arrive déjà pas à vendre nos droits de la Ligue 1, quel acheteur va venir financer cette idée", souligne un connaisseur du dossier. Et d’ajouter: "En revanche, pour quelques millions en plus d’investissement, ça peut permettre à Ligue 1+ de remplir son catalogue en semaine dans un moment où ils n’ont aucun droit, mais je ne pense pas que ça soit très rentable sans les clubs qui jouent une Coupe d’Europe. Je ne vois pas qui va regarder ça en pleine semaine, mais je comprends les présidents qui cherchent à remplir ce calendrier, c'est une réflexion à mener".

Dans les couloirs de la LFP, on laisse entendre que cette idée n’a pas trop de sens. Au niveau du calendrier, c’est pratiquement impossible à organiser pour les clubs qui jouent l’Europe. A défaut, certains pourraient aligner leurs équipes B. Autre point mis en avant: avec des matchs en semaine et sans les stars de la Ligue 1, très peu de revenus seront générés par ces affiches. Si on entend cette volonté de vouloir jouer plus pour certaines équipes du championnat, dans les faits remettre en place cette compétition n’est pas si simple dans les faits. Et la question de la récompense d’une victoire finale se pose, puisque la place européenne anciennement octroyée par le biais de la Coupe de la Ligue est désormais attribuée à un pensionnaire de la Ligue 1.

Dans l’idée de certains clubs, partisans du projet, les équipes qui ne jouent pas de Coupes d’Europe pourraient affronter des clubs de Ligue 2 et même de National, dans un format qui reste à définir, avec des règles sur la présence des jeunes joueurs qui pourraient évoluer. "Je trouve que c’est aussi une parfaite séquence pour tester des choses, tester la sonorisation des arbitres, tester des nouvelles méthodes pour filmer les compétitions avec la coopération d’un diffuseur qui a cette envie, je vois plein d’idées et même de diffuser ça gratuitement ou sur les réseaux sociaux, au point où en est le football français", affirme un président de l’élite qui veut "séduire le nouveau public" tout en se disant "certain que ça pourrait être un carton sur les réseaux" mais que "la volonté politique n'est pas là, donc ce projet est mort".

Nicolas Pelletier