Pagis : « Je ne suis pas caractériel »

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Les coups de projecteurs ne sont pas pour lui. Pas ceux là. Mickaël Pagis aime connaître les gens. Les sonder. « Je ne fais pas trop la une des journaux. C’est une volonté de ma part d’être discret. Ma mission est de jouer au ballon, précise-t-il. » Ainsi va un des derniers artistes du Championnat de France de Ligue 1.
Pagis ou l’art du jeu. En toute modestie. La sempiternelle comparaison avec Eric Cantona le flatte. L’éternel port altier lui colle à la peau. Avec le temps c’est plus facile à gérer. Canto oui mais Marco Van Basten surtout. A l’époque Laval s’enorgueillit de l’éclosion de Pagis. Michel le Millinaire, en fin de règne à la tête de l’équipe première, et Bernard Maligorne patron du centre de formation, le prennent sous son aile. Jean Pi, l’ancien président des Mayennais, s’enflamme dans la presse locale : « On a le nouveau Van Basten ! » Sauf que Pagis n’a que 19 ans. Certes le meilleur buteur de l’Euro 88 est l’idole de « Mika ». Mais c’est trop tôt. Trop de pression.
Son amour pour Van Basten naît d’’une enfance dans la douceur de Vern D’anjou, bourg de Maine et Loire, où son père Serge endosse le costume de coach avec les gamins du coin. « J’ai toujours joué devant. Van Basten a été une révélation. J’ai rêvé de marquer d’une tête plongeante des 18m comme lui… » Et la volée stratosphérique de la finale face aux Russes ? « Oui aussi ».
« Quand j’entends que je suis caractériel, ça me gonfle ! »
Que Mickael Pagis se rassure, il y a bien du Van Basten en lui. Mais peu importe. Il n’a aucun regret. Les Bleus ? « Si j’avais atteint ce niveau plus tôt, peut-être. L’équipe de France ça reste l’élite. » L’étranger ? « Birmingham m’a sondé avant Strasbourg… Mais c’est une volonté de ma part de ne pas avoir joué hors de France. Je n’y serai pas allé pour prendre la monnaie. » A bon entendeur…
Cela ne nous change pas un OM. Même à Marseille son club de cœur. La ville le lui rend bien. Pagis est estimé sur le Vieux-Port : « Moi je regrette aussi Jean Fernandez et sa science tactique. Il m’a beaucoup apporté. » Sur le terrain. En dehors, c’est une autre histoire. Joueur épidermique par excellence, l’ancien Sochalien a eu maille à partir avec Guy Lacombe. Accroc effacé. 24 joueurs ont été utilisés en L1 par l’ex coach du Paris SG depuis le début de saison. Dans un effectif régit par un turn-over à outrance, Pagis a débuté 12 matches sur 13 possibles : « Le couple avait vécu. On s’est retrouvé à Rennes avec ce passé là, on a discuté et on est reparti sur de bonnes bases, avoue Mika. Mais aujourd’hui ça me gonfle quand j’entends que je suis caractériel. C’est une fausse image. » Quelle image ? Il s’en moque en amoureux du jeu dans un univers où le « je » règne en maître : « C’est en moi, je conçois le foot comme ça. J’aime participer, remonter le ballon, servir mes partenaires dans les meilleures conditions. C’est un tout. Si je me retrouve à la conclusion ça fait plaisir. Je ne suis pas un joueur de surface. Ça surprend les gardiens. » Et nous aussi. Les équipes ne jouent plus au ballon ? « Un 0-0 à l’extérieur c’est comme une victoire, s’emporte-t-il. » Ainsi va Mickaël Pagis…