Barrabravas : les hooligans à la sauce argentine

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« Maintenant, on va tout pourrir ! » Au Christian Progress College de Pretoria où ils logent, les membres de l’HUA (Hinchadas Unidas Argentinas, « Supporters argentins unis ») n’hésitent plus à proférer de lourdes menaces. Dix des leurs ont été expulsés lundi dernier par la police sud-africaine. Et maintenant, les plus extrémistes d’entre eux veulent venger cet affront.
Depuis son arrivée sur le sol sud-africain, l’HUA est au centre de toutes les attentions. Cette organisation non gouvernementale, créée en novembre 2009 pour lutter contre la violence dans les stades, a presque relégué dans l’ombre les Messi, Veron et autre Tevez. C’est qu’elle regroupe les barrabravas de 43 clubs…
Jusqu’à présent, ces supporters violents qui font régner la terreur dans les stades argentins, avaient noué des liaisons dangereuses avec les dirigeants de leur club respectifs. « Au sein des clubs, on leur a donné de plus en plus d’importance, souligne Sergio Gustavo, journaliste à Diario Cronico. On leur offre des maillots, des tickets, de l’argent. C’est devenu un vrai problème. Aujourd’hui, en Argentine, les fans ne peuvent plus se déplacer pour suivre leur équipe sans risquer leur vie. »
Certains étaient dans l’avion de la délégation argentine
Mais la Coupe du monde a jeté une lumière crue sur les liens entretenus par le pouvoir politique avec ces barrabravas. La polémique est montée d’un cran lorsque les médias ont accusé le gouvernement d’avoir payé le déplacement de ces fans qui ont, pour la plupart, un casier judiciaire chargé. « En fait, lorsque l’HUA a été créé, les gars se sont dit : voilà une opportunité unique d’assister à la Coupe du monde sans bourse délier », explique Martin Jaime, de la Nacion. Les barrabravas ont sauté sur l’occasion et infiltré totalement l’HUA. Une trentaine a même fait le déplacement dans l’avion de la délégation argentine. Diego Maradona a nié évidemment toute implication.
La semaine dernière, des barrabravas ont interpellé des caciques de la fédération argentine devant leur hôtel de Pretoria. Ils réclamaient de l’argent, des billets de matches et une discussion avec Carlos Bilardo, le manager de la sélection. Il a fallu l’intervention de la police pour mettre un terme à des débats qui viraient à l’aigre. C’était des membres de la bande de Lomas, des barrabravas de Boca Juniors dont les liens étroits avec le sélectionneur ne sont plus à démontrer.
« Tout le monde sait en Argentine que les chefs des principaux groupes de barrabravas sont là, affirme Diego Barseguien, un fan qui suit avec passion la sélection argentine. Ces types là se battent, ils tuent. Tout le monde dit que l’Afrique du Sud n’est pas sûre, qu’il faut faire très attention. Moi je dis qu’il faut surtout avoir peur d’eux ! »
Ce jeudi, Marcelo Mallo, à l’origine de la création de l’HUA, est attendu à Johannesburg. Ce proche de Nestor Kirchner, l’ex président de la République argentine qui garde la main sur le pouvoir depuis qua sa femme Cristina lui a succédé, a du pain sur la planche. Depuis lundi, son organisation est décapitée. Parmi les expulsés se trouvaient en effet les principaux responsables. « Pillín » Bracamonte (Rosario Central), Emiliano Tagliarino (Huracan) et Pablo « Bebote » Álvarez, un fan d’Independiente. A Tucuman, accompagné de ses hommes de main, ce dernier, armé d’un révolver, a racketté les joueurs de sa propre équipe. Aux yeux des autorités sud-africaines, la situation reste explosive. Selon le consul d’Argentine à Johannesburg cité par la Nacion, « il devrait y avoir d’autres expulsions ». Ça promet…