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Ce qui attend les Bleus face au Nigeria

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Adepte d’une philosophie de jeu solide et physique, où le danger vient de la vitesse en contres, l’équipe du Nigeria présentera un profil loin d’être insurmontable pour les Bleus ce lundi (18h) en huitième de finale. Découverte.

Ce sera donc le Nigeria. La qualification en poche pour les Bleus sauf improbable cataclysme, l’enjeu de ce mercredi tournait surtout autour du nom du prochain adversaire de la bande à Didier Deschamps. On attendait les Super Eagles. Avec un nul surprise (Iran), une victoire décisive (Bosnie) et une défaite attendue (Argentine), ils seront bien au rendez-vous. Un huitième de finale historique ce lundi (18h) à Brasilia : pour la première fois de son histoire, l’équipe de France croisera la route d’une équipe africaine dans un match à élimination directe de Coupe du monde.

Tour d’horizon d’un adversaire abordable mais dont il faudra tout de même se méfier. « La France devra respecter le Nigeria mais elle ne devra pas le craindre, estime Frank Leboeuf, membre de la Dream Team RMC Sport. Intrinsèquement, les Français sont meilleurs. Des problèmes arriveront le jour du match mais ce sera aux Bleus de les régler. »

Souvent solide, parfois friable

Avec les expérimentés Yobo et Obi Mikel, l’axe charnière-milieu défensif apporte assurance et solidité au jeu nigérian, basé sur un fort impact physique. « Le Nigeria est une équipe solide, physique, robuste, explique Patrick Mboma, membre de la Dream Team RMC Sport. Face à l’Argentine, on les a vus mettre des coups jusqu’à la dernière minute. » Le tout devant un gardien, Vincent Enyeama, en grande forme dans la droite lignée d’un exercice où il a flambé avec Lille (21 clean sheet cette saison, total le plus élevé pour un gardien des cinq grands championnats européens), comme le montrent encore ses dix arrêts face à l’Argentine, meilleur total pour un portier sur un match de ce Mondial. « S’il n’y avait pas Enyeama derrière, ils auraient pris quelques buts de plus », indique notre consultant Grégory Coupet, autre membre de la Dream Team RMC Sport.

Une formule organisée autour d'un 4-2-3-1 (ou 4-3-3) qui a permis aux Super Eagles de garder leur cage inviolée lors des deux premières rencontres avant de craquer trois fois ce mercredi face à Messi et aux talents argentins. Ces derniers l’ont montré : l’arrière-garde des Nigérians se révèle parfois très friable, certainement conséquence du manque d’expérience de Kenneth Omeruo (20 ans), Juwon Oshaniwa (23), Efe Ambrose (25) ou encore Ogenyi Onazi (21). « Défensivement, il y a quand même pas mal de loupés. Ils peuvent résister tout autant qu’ils peuvent craquer », juge Luis Fernandez, autre membre de la Dream Team RMC Sport. « Ils sont parfois désorganisés », insiste Coupet.

Emenike-Musa, duo de flèches

L’impact physique et le pressing comme détonateurs de contres explosifs et rapides. La formule nigériane colle bien, la touche technique légèrement en moins, à celle qui semble réussir le mieux dans cette Coupe du monde. « C’est une équipe qui se projette vite vers l’avant », confirme Luis Fernandez. Avec dans le rôle des flèches offensives, Ahmed Musa et Emmanuel Emenike. Attendu comme l’une des possibles révélations du Mondial, le premier a impressionné contre l’Argentine avec un doublé. A 21 ans, l’attaquant du CSKA Moscou a les jambes pour embêter la défense tricolore. A ses côtés, Emenike présente le complément idéal avec sa puissance. Sans oublier Peter Odemwingie, intermittent du spectacle qui peut parfois signer un éclair de génie ou un appel tranchant pour débloquer la situation.

« Ils ont la vitesse et la puissance avec Musa et Emenike, analyse Patrick Mboma. On peut aussi s’attendre à voir de bonnes surprises de la part d’Odemwingie de temps en temps, notamment au niveau de sa vitesse de course. » Des forces qui ne doivent pas pour autant faire peur aux Bleus. « Est-ce qu’on doit craindre de devoir bloquer Musa ou Emenike ? C’est surtout les Nigérians qui devront bloquer Matuidi, Cabaye, Pogba, Benzema, Giroud, Griezmann, Sakho et les autres », relativise Frank Leboeuf.

Une motivation énorme

Premier pays africain à se qualifier pour la troisième fois de son histoire pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde (et seul représentant du continent à passer les poules au Brésil en attendant l'Algérie), stade où il a chuté en 1994 (Italie, 1-2 a.p.) et 1998 (Danemark, 1-4), le Nigeria est devenu un fidèle du Mondial dont il n’a manqué que l’édition 2006 depuis sa première participation en 1994. Une habitude qui a également permis de cultiver l’ambition. Champion d’Afrique 2013, son premier titre continental depuis 1994, le Nigeria s’imaginait en outsider malgré… huit matches de suite sans victoire en Coupe du monde avant le début de la compétition.

« Le minimum pour mes joueurs est d’atteindre la finale », avait même plaisanté Stephen Keshi, le sélectionneur (qui avait disputé le Mondial 1994), avant l’entrée en lice de ses joueurs. Un message retrouvé, de façon plus sérieuse bien sûr, dans la bouche d’un Joseph Yobo : « Nous ne sommes pas seulement ici pour participer. Nous avons une équipe jeune, talentueuse et les gens vont être surpris. » Avec son profil, un jeu physique, un gardien en feu et des attaquants rapides, le Nigeria peut évoquer quelque chose du Paraguay en 1998. A l’époque, la France avait galéré pour s’extirper du piège. Mais le scénario pourrait s’écrire d’une autre encre en 2014. « Le Nigeria ne nous a pas montré un jeu flamboyant jusqu’à présent, conclut Grégory Coupet. Dans le jeu, cette équipe n’est pas impressionnante et la France a toutes ses chances. »

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Alexandre Herbinet