Equateur-France : les Bleus assurent l'essentiel

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Des titulaires qui semblent irremplaçables
Les derniers mois ont beau avoir été un long fleuve tranquille, on a peut-être oublié un peu vite les difficultés de l’équipe de France à l’été ou au début d’automne derniers. Mais parfois, elles réapparaissent. Un peu, en tout cas. Manque de tranchant offensif, propension à tout donner en berne, nervosité palpable sur certaines actions défensives : avec six « nouveaux » joueurs par rapport à la démonstration (5-2) contre la Suisse, la formation de Didier Deschamps a semblé perdre une partie de son bel équilibre contre l’Equateur.
Le trident Cabaye-Matuidi-Pogba, seulement utilisé contre le Honduras, est bien le meilleur possible au milieu de terrain pour impulser le jeu. Et la présence de Mathieu Valbuena, pas utilisé contre l’Equateur paraît plus indispensable que certains (beaucoup ?) ne l’imaginaient. Résultat ? Un truc en moins - on pense par exemple à l’absence de bons ballons pour Benzema - qui fait basculer le brillant vers le terne. « On reste un peu sur notre faim, estime Jean-Michel Larqué, membre de la Dream Team RMC Sport. On n’est pas obligé non plus de se contenter du minimum. On n’a pas fait tout ce qu’il fallait pour enfoncer la tête des Equatoriens dans le caniveau. » Point positif : aucun blessé n'est à déplorer malgré des frayeurs pour Sakho et Matuidi.
Les « coiffeurs » marquent tout de même des points
Au centre des attentions, les changements décidés par Didier Deschamps allaient forcément être scrutés avec attention par les suiveurs. Les joueurs en question n’ont pas déçu. En défense, Digne a prouvé une nouvelle fois pourquoi il pouvait être plus qu’une doublure d’Evra. Sagna n’a pas démérité non plus. En charnière, Koscielny se montre parfois peu rassurant. Mais rien qui ne puisse pousser à l’accabler. Au milieu, on notera le bon match de Schneiderlin pour sa première titularisation avec les Bleus. « J’ai bien aimé le petit Morgan Schneiderlin, juge Luis Fernandez, membre de la Dream Team RMC Sport. Il est sérieux, appliqué, il joue simple et c’est ce qu’il faut. J’ai aussi bien aimé Digne, qui essaye d’apporter sur son côté. »
Au-delà des « coiffeurs », il y avait aussi les joueurs de retour dans le onze de départ. Et là, le bilan bascule plus du mauvais côté. Avec un Pogba loin de son rayonnement habituel, un Sissoko pas à son poste et inefficace et un Griezmann à deux doigts de marquer mais pas vraiment dangereux par ailleurs, la poursuite de l’accumulation de belles certitudes n’était pas au programme.
Faut-il s'enflammer ? Ça dépend...
Après deux belles victoires initiales, le match nul et vierge contre l’Equateur assure aux Bleus la première place du groupe E. Mais il donne aussi un coup de frein à la montée en puissance d’un groupe passé d’inattendu à outsider à quasi favori en quelques jours. Alors, à l’issue de cette première phase du Mondial, quel bilan ? Du positif, d’abord. Quatre ans après Knysna, ces Bleus offrent enfin un bon visage en compétition. Le jeu est revenu, l’état d’esprit et la confiance aussi. Autant de qualités qui peuvent mener loin.
Mais à force de s’enflammer, n’a-t-on pas oublié de nuancer ? Car le bilan tricolore peut aussi se voir d’une autre façon. Une victoire contre le Honduras, sans doute la pire équipe de ce Mondial (la seule à trois défaites en trois matches avec l’Australie). Une autre contre la Suisse, superbe, incontestable, mais bien aidée par un scénario (expulsion de von Bergen, deux buts en deux minutes) hyper favorable. Et un nul contre un Equateur volontaire loin d’être un foudre de guerre. Le tout avec deux mi-temps à 11 contre 10 (Honduras et Equateur). Vous avez dit favori ? Vraiment ? On attendra le prochain test contre une « grosse » équipe pour se décider.
Et maintenant, le Nigeria !
Ce choc pourrait bien venir en quart avec la perspective, très attendue, d’une rencontre contre l’Allemagne. Mais avant, il faudra passer le huitième. Un rendez-vous programmé lundi (18h) avec le Nigeria, premier pays africain rencontré par les Bleus dans un match à élimination directe de Coupe du monde, et qui semble favorable aux hommes de Didier Deschamps sur le papier. Mais méfiance. Avec son jeu basé sur l’impact physique, une certaine solidité défensive et une vitesse explosive en contres, le champion d’Afrique 2013 va proposer un problème où patience et calme seront des maître-mots si les Bleus mettent du temps à trouver la faille. Quelque chose de l’Equateur ou du Paraguay en 1998, quoi.
Avec un adversaire surtout pas battu d’avance et qui va croire en son étoile jusqu’au bout. « La France a de grands joueurs et c’est une très bonne équipe mais nous aussi, lance le capitaine Joseph Yobo. Ils sont parmi les favoris mais nous, on est là. Beaucoup pensent qu’on ne va pas gagner mais on ne sait jamais ce qu’il peut se passer dans le football. » Mode d’ordre similaire chez Stephen Keshi, le sélectionneur des Super Eagles : « La France est une bonne équipe. Mais nous aussi, on n’est pas mauvais, donc on verra. On va tenter de faire au mieux. » Et Peter Odemwingie, l’ancien Lillois, d’enfoncer le clou : « Les Bleus sont rapides devant, il y a de bons mouvements dans cette équipe, des joueurs rapides devant, la défense est solide, le gardien très bon, un peu comme nous. Ce sera un match intéressant. Pour moi, il n’y a pas de favori. C’est peut-être plus facile de jouer contre la France que contre une équipe d’Amérique latine. » Aux Bleus de le faire mentir.
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La Suisse au menu de l'Argentine
Avec un triplé signé Shaqiri, le 50e de l'histoire de la Coupe du monde, la Suisse n'a pas tremblé pour battre le Honduras 3-0 et s'ouvrir la voie des huitièmes de finale, où ses deux dernières présences datent de 2006 et 1994. Mais pour aller plus loin, il faudra signer l'exploit de battre l'Argentine d'un Lionel Messi en grande forme ce mardi (18h) à Sao Paulo. Mais si la Nati s'offre un quart, elle y retrouverait certainement la Belgique ou les Etats-Unis (voire le Ghana ou le Portugal) avec la perspective d'une réelle chance de pouvoir atteindre une demi-finale historique pour le pays.