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EXCLU - Halilhodzic : « Maintenant, on a le droit de perdre »

Vahid Halilhodzic

Vahid Halilhodzic - -

EXCLU RMC SPORT. Vahid Halilhodzic, le sélectionneur de l’Algérie, est revenu sur la qualification historique de son équipe après son match nul contre la Russie (1-1) dans l’Intégrale RMC Brésil. Et espère un autre exploit en huitièmes contre l’Allemagne.

Vahid Halilhodzic, après l'ouverture du score de la Russie jeudi, vous n'étiez pas inquiet ?

Si, parce qu’on a pris le but très vite. En plus, on a eu Sofiane Feghouli qui s’est blessé et pendant dix minutes, on s’est un peu déconcentré. On a pris ce but naïvement. Après, on s’est repris en deuxième mi-temps. On a commencé à être plus organisé. A la mi-temps, j’ai dit aux joueurs qu’on allait avoir la possibilité de marquer. Mais il ne fallait pas prendre de deuxième but. 

C'est votre plus grande émotion en tant qu'entraîneur ?

Vous savez, j’ai connu pas mal d’émotions et de joie dans ma vie. C’est difficile de comparer. C’est un moment inoubliable. On le mérite parce qu’on a beaucoup travaillé. 

Fabio Capello s'est plaint de l'arbitrage et d'un laser qui visait son gardien sur l'action du but...

Je ne veux pas faire de commentaire. J’apprécie beaucoup Capello, c’est l’un des meilleurs entraîneurs du monde. Parler de ça, c’est un peu petit. De mon côté, je suis très content pour mon équipe, mon staff et les Algériens. 

Le match contre l'Allemagne parait déséquilibré. Qu'allez-vous préparer pour surprendre les Allemands ?

C’était déjà déséquilibré au départ contre la Belgique et la Russie. Mais dans cette Coupe du monde, on ne sait jamais. Il y a des équipes qui sont déjà parties parce qu’elles pensaient la gagner avant de la jouer. Et quand vous voyez l’Italie, l’Angleterre, le Portugal, l’Espagne déjà éliminés… c’est exceptionnel d’être dans les 16 meilleures équipes. Maintenant, on a le droit de perdre. Mais je disais encore ce matin qu’en 1982, une équipe algérienne a déjà battu une grande équipe d’Allemagne, alors pourquoi pas nous ? Si on perd, on va les féliciter parce qu’ils sont meilleurs et si on gagne, tout le monde va apprécier un peu plus cette équipe d’Algérie.

Vous savez qu'il y a eu quelques débordements en France à la suite de cette victoire. Il y a une ferveur démesurée autour de votre sélection...

Je regrette le comportement irresponsable de certaines personnes. Sur la joie, certains ont dépassé les limites. Ce n’est pas bien pour l’image de l’Algérie, surtout en France ou ailleurs, que le succès sportif ait été fêté comme ça. A Lille, où je vis, mon amie Martine Aubry n’était pas contente du comportement des gens à mon avis (rires). Il faut bien sûr condamner cela. Les Algériens sont comme ça : ils adorent le football, leur équipe et ont beaucoup de fierté. Et dans la joie, ils dépassent souvent malheureusement les limites. 

Vous n'avez pas été gêné par la célébration de vos joueurs à la fin du match contre la Russie ? Cella donnait l'impression que l'Algérie avait déjà gagné la Coupe du monde ?

Pour les Algériens, on a déjà gagné la Coupe du monde qu’ils pouvaient espérer. C’est quand même la première fois que l’Algérie se qualifie en huitièmes de finale de Coupe du monde. Mais je suis content qu’on exprime ça sportivement. Aujourd’hui, on est devenu un peu les chouchous des Brésiliens qui apprécient un peu notre jeu. On est la plus petite équipe, mais on est la meilleure attaque de notre groupe. Et en tant qu’ancien attaquant, je suis fier de ça. Quand vous gagnez, il faut savourer sa joie jusqu’au bout sans faire de bêtise. 

Il y a beaucoup de joueurs formés en France dans votre sélection. Est-ce que la qualification de l'Algérie n'est pas aussi un succès de la formation française ?

Vous avez raison, on connait la qualité de la formation française. Ces joueurs ont du talent. Si leur talent ne suffit pas pour jouer avec la France, ils choisissent l’Algérie et donnent le maximum. On n’a pas de grande vedette, mais on a quelques gars avec un talent exceptionnel quand même. Ce sont des joueurs qui ne jouent même pas dans certains clubs. On a su trouver des ressources mentales en deuxième mi-temps. C’est notre force. On perdait et on a su égaliser contre la Russie.

Certains vous avaient oublié. C'est le retour de Vahid au premier plan ?

Je n’ai pas toujours apprécié l’image qu’on m’a donnée à un certain moment. J’étais dégoûté qu’on dise que je suis dur avec les gens. Ça m’a embêté quand je suis parti. Mais partout où je suis passé, j’ai eu pas mal de succès. Certaines personnes m’ont oublié un peu vite mais je sais la passion que j’ai pour le football. Peut-être que c’est une petite revanche, mais je ne raisonne pas comme ça. 

Il y a la possibilité d'un France-Algérie en quarts de finale...

Tout est possible. Même si on perd, il y a n’y aura pas beaucoup d’Algériens tristes. On est contents de ce qu’on a fait, mais on va essayer de le faire pour l’histoire. Est-ce qu’on va le faire ? On va le savoir lundi. 

La rédaction