Free vuvuzelas !

Les supporters sud-africains - -
Alors comme ça les vuvuzelas dérangent ! Pensez donc, cela fait du bruit, nous casse les oreilles, on ne s'entend plus ! La trompe en plastique du scandale oblige bien sûr à s'adapter à une nuisance sonore nouvelle et peut agacer. Mais on pourrait aussi décréter que le football doit devenir un spectacle aseptisé, privilégiant la concentration des joueurs, comme au golf quand on soulève un petit panneau indiquant « silence » lorsqu'un joueur doit frapper. Imaginez sur l'écran géant du stade, alors que Cristiano Ronaldo arrive aux abords de la surface de réparation : « Silence, Cristiano va frapper ! » O.K., j'exagère peut-être.
N'empêche, il serait totalement malvenu d'interdire cet élément de la fête qui ne gêne pas le jeu. Bannir pour des raisons de confort ce symbole identitaire du pays qui nous accueille serait surtout méprisant et mal poli vis à vis des Sud-Africains. D'autant que dans les tribunes, le vuvuzela a été adopté par les fans du monde entier. Désormais, comme les Sud-Africains, Américains, Néerlandais, Coréens ou Mexicains s'amusent eux aussi à souffler dans cette trompe devenue le lien entre supporters des cinq continents. Comme tout carnaval ou féria, le gigantesque rassemblement de la Coupe du monde de football comporte traditionnellement son lot d'interdits, de codes ou d'excès festifs. Quelle image garde-t-on de la Coupe du Monde 1978 en Argentine ? Les papelitos. Et de celle de 1986 au Mexique ? Les olas. Les vuvuzelas sont les papelitos ou les olas de 2010. Ils constituent une part essentielle de l'identité et de la différence de cette première Coupe du monde africaine. Le slogan affiché dans les stades du Mondial n'est-il pas « celebrate Africa's humanity » ? C'est respecter nos hôtes que faire avec les vuvuzelas sans bougonner, en n'oubliant pas que nous foulons un continent passionné de football qui lui inspire partout chants, danses et musiques. Si loin de la froideur ou de la violence de certaines de nos tribunes européennes. J'ai commenté il y a quelques jours au Cap un Afrique du Sud-France de rugby où les vuvuzelas n'étaient pas invités. Je n'étais plus dans la folie de cette Coupe du monde, j'étais revenu à l'ordinaire, dans un stade fade, si proche mais si loin de l'événement. Entre deux actions, le silence était presque pesant. Comme quoi on s'habitue vite à tout, même aux vuvuzelas, dont, je vous en fais le pari, nous aurons tous la nostalgie le 12 juillet prochain.