RMC Sport

L’Afrique du Sud a déjà gagné

L'ancien chef d'Etat, Prix Nobel de la Paix, a été l'artisan de cette première Coupe du monde sur le sol du continent africain.

L'ancien chef d'Etat, Prix Nobel de la Paix, a été l'artisan de cette première Coupe du monde sur le sol du continent africain. - -

Nelson Mandela peut savourer. A bientôt 92 ans – il les aura le 18 juillet – « Madiba » a construit, porté et mûri SA Coupe du monde. Si les Sud-Africains ont obtenu l’organisation de l’épreuve, c’est avant tout grâce à lui. Vingt-sept années de prison auront été nécessaires.

Flash-back : nous sommes en 1976. En pleine apartheid. Les Noirs sont parqués. Les Métis tremblent. L’ambiance est délétère, le régime despotique, les nuits longues et douloureuses. Le pays est aux abois, pointé du doigt par la communauté internationale. Joao Havelange, alors président de la FIFA, exclut carrément l’Afrique du Sud de son organisation. Net et sans bavure. L’Afrique du Sud dérange. Les années passent. Au début des années 90, Mandela sort des geôles locales et ouvre les yeux. « One man, one vote » : un cri du cœur, chevillé au corps. Une raison de vivre. Le pays adhère immédiatement aux idées de Madiba.

Havelange, lui, est toujours en poste, accroché à son fauteuil. Le Brésilien règne en maître sur le football international. Les deux hommes apprennent à se connaître, dialoguent et comblent un manque criant. L’Afrique du Sud revient au cœur du business FIFA en 1992. Indispensable pour une nation amoureuse des ballons, ovale et rond. Le rugby permet au pays de décoller sur l’échiquier du sport planétaire en 1995 avec un titre de champion du monde. La voie est ouverte, Mandela a compris. Il passera une partie de sa présidence (1994-1999) à lancer sa cause ultime : la Coupe du monde sera la sienne, aux côtés de son ami Danny Jordaan. Proche de l’ultra-radical Steven Biko dans les années 70, ancien militant de l’ANC, Jordaan prend la tête du Comité d’Organisation, sous le regard bienveillant de Mandela, père spirituel.

Quatre milliards de téléspectateurs

Alors oui, les autoroutes ne sont pas achevées, et les centres-villes sont nettoyés de leurs vendeurs à la sauvette. Qu’importe, les vuvuzelas envahissent les coins de rue, le sourire des gamins illumine les trottoirs, la ferveur des supporters dépasse l’entendement et la qualité des stades a achevé de nous convaincre. L’Afrique du Sud a déjà gagné. Depuis longtemps. Mandela le sait. Quatre milliards de téléspectateurs s’en apercevront ce vendredi lorsque l’arbitre ouzbek Ravshan Irmatov sifflera le coup d’envoi d’Afrique du Sud-Mexique. Plus qu’une mise en bouche, un jour de gloire. Mandela Day. One man, one world…

Christophe Couvrat en Afrique du Sud