L'embarrassant business de Robben Island

Un touriste viste la prison de Nelson Mandela - -
C'est un lundi matin pas tout à fait comme les autres du côté du Cap. Coupe du monde oblige, des centaines de visiteurs se précipitent vers l'embarcadère pour se rendre à Robben Island. Tristement célèbre pour avoir « accueilli » des milliers d'opposants au régime de l'apartheid, au premier rang desquels l'ancien président sud-africain et Prix Nobel de la Paix Nelson Mandela, emprisonné durant plus d’un quart de siècle, l'île est aujourd'hui classée au patrimoine mondial de l'UNESCO et suscite l'attention de tous les touristes.
Il faut donc montrer patte blanche pour traverser le bras de mer. Sur place, l'accueil des guides et anciens prisonniers est chaleureux. « Merci d'être là aujourd'hui. Vous pourrez raconter au monde ce qu'il s'est passé ici. » Un privilège réservé au simple visiteur ou aux journalistes… souhaitant y mettre le prix : 10 000 rands (environ 1 000€) pour un spot commercial, la moitié pour un reportage d'actualité et 2 500 rands (environ 250€) pour les interviews radio. Les guides ne sont d'ailleurs pas autorisés à s'exprimer en dehors des visites, sauf note de l'administration. Des pratiques déjà observées à Johannesburg, où la visite de l'ancienne maison de Nelson Mandela passait de 60 rands (environ 6€) à 1 000 rands (environ 100€) en fonction de la présence ou non d'une caméra.
Un trou de 2,5M€ en 2008
La tarification à Robben Island est appliquée depuis 2002 et connaît quelques fluctuations suivant les périodes. L'organisation de la Coupe du monde et l'afflux massif de journalistes a ainsi dopé les prix. Avant le Mondial, certains cameramen n'ont par exemple pas eu à débourser le moindre rand. Il n'est également pas impossible de se voir proposer des tarifs inférieurs « compte tenu de la réelle motivation » de se rendre sur l'île. En 2008, l'administration en place avait dû faire face à un audit à charge qui révélait un trou de 25 millions de rands (environ 2,5M€). Au centre des accusations, l'acquisition du ferry qui relie plusieurs fois par jour la ville du Cap à l'île. Même si on est aujourd'hui, et heureusement, bien loin de ces malversations, certaines pratiques sont loin de faire la publicité de ce lieu de mémoire.