
Larqué : « Thierry Roland me dit : "Jean-Mimi, c’est in the pocket" »

Thierry Roland et Jean-Michel Larqué - -
Reconverti au journalisme dans la foulée de sa retraite sportive en 1979, Jean-Michel Larqué a vécu sa premier Coupe du monde en tant que consultant lors du Mondial espagnol de 1982. Commentateur de la demi-finale France-RFA avec Thierry Roland, il n’a rien oublié d’un incroyable scénario. « Par sa dramaturgie, ce match occupe une place à part, explique le membre de la Dream Team RMC Sport. On n’était pas favoris et on se retrouve à mener 3-1 dans la prolongation ! A côté de moi, Thierry Roland était tout feu, tout flamme et me dit : "Allez, mon petit Jean-Mimi, c’est in the pocket". Et je lui réponds : "Non, je ne pense pas que ce soit dans la poche." Malheureusement, la suite m’a donné raison (l’Allemagne égalisera à 3-3 avant de s’imposer aux tirs au but).
Après l’élimination, j’étais quand même très satisfait de la performance de l’équipe de France et je respectais à peu près le verdict des tirs au but. On avait tout simplement été moins performants dans cet exercice. Mais Thierry était remonté comme une pendule contre l’arbitre M. Corver. Il ne décolérait pas. Il faut dire que les images n’étaient peut-être pas aussi pointues que maintenant et qu’on ne s’était pas rendu compte, malgré quelques ralentis, de la violence du choc entre Schumacher et Battiston. Ce n’est qu’en apprenant l’état de ce dernier qu’on a pris conscience de l’agression dont il avait été victime. Tout le monde avait quand même vu sa sortie de kamikaze, sauf l’arbitre, qui n’avait pas pris la bonne décision. Il n’avait d’ailleurs pas pris de décision du tout... »
« Des Français très dignes dans la défaite »
S’il est désormais difficile pour les médias d’avoir accès aux joueurs en dehors des zones mixtes, c’était moins le cas à l’époque. Ce qui a permis au duo Roland-Larqué de capter quelques scènes d’après-défaite « On avait la possibilité de voir les joueurs entre la sortie des vestiaires et le bus, se remémore notre consultant. Je me souviens que Thierry avait vu un joueur, que je ne citerai pas, sourire. Lui était triste comme les pierres et ne supportait pas qu’un joueur, passé si près de la montre en or comme il disait, puisse sourire. J’essayais de lui faire comprendre qu’il n’y avait plus rien à faire mais Thierry pensait qu’on pouvait encore changer le cours de l’histoire.
Les autres joueurs se rendaient compte qu’ils étaient passés tout près d’un fabuleux exploit et n’avaient pas encore en tête qu’ils venaient quand même d’écrire une magnifique histoire de l’équipe de France. C’était encore trop frais. Ils se disaient que c’était le jour ou jamais de battre l’Allemagne mais surtout de disputer une finale de Coupe du monde. Mais je ne me souviens pas avoir entendu quelqu’un se plaindre de l’arbitrage ou dire que les Bleus s’étaient fait voler au coin du bois. Ils ont été très dignes dans la défaite. »
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