Le Brésil toujours sous tension

Des manifestations à Sao Paulo - -
Le pays du football roi retient son souffle. La crise sociale sera-t-elle apaisée à temps pour le coup d’envoi de la Coupe du monde ? Pas si sûr au vu des derniers mouvements de contestations à Sao Paulo. A 6 heures ce lundi matin, les manifestants ont bloqué l'avenue centrale Vergueiro de la capitale financière en mettant le feu à des poubelles, paralysant la circulation sur 250 kilomètres, en soutien à la grève des employés du métro qui réclament une hausse de 12,2% de leur salaire. Mais les autorités veulent concéder seulement 7,8%. La reconduction de la grève a d’ailleurs été votée dimanche soir, quelques heures seulement après que le Tribunal du travail régional la juge illégale.
« Je ne pense pas que le gouvernement veuille gâcher la Coupe du monde », déplore Altino Mello dos Prazeres, le président du syndicat. « Il n’y aura pas de Coupe », crient eux les manifestants. Les embouteillages sont aussi provoqués par les nombreux autobus mis en circulation pour remplacer le métro, principale voie d’accès au stade Arena Corinthians qui accueillera le match d’ouverture Brésil-Croatie le 12 juin.
Multiplication de grèves à l'échelle nationale
« La troupe de choc de la police militaire a demandé aux manifestants de quitter les lieux et devant le refus des grévistes, ils ont fait usage de gaz lacrymogènes, rapporte Mélanie Ferreira, correspondante pour RMC SPORT à Sao Paulo. Douze manifestants ont été interpellés et soixante agents grévistes du métro ont été licenciés. Une assemblée générale doit avoir lieu aujourd’hui pour décider de la suite à donner à ce mouvement mais d’après un manifestant, tant que les manifestants ne sont pas libérés et que l’on ne revient pas sur les licenciements, la grève continuera. Et si le gouverneur de Sao Paulo n’accepte pas leurs revendications, la Coupe du monde débutera avec la grève jeudi. »
Ce nouvel épisode s’inscrit dans un contexte plus large de multiplication de grèves sectorielles à travers le pays depuis plusieurs semaines. Des mouvements de chauffeurs de bus, de policiers ou de vigiles des banques paralysent aussi le pays. La grogne persiste, donc. 54% des Brésiliens pensent que le Mondial leur apportera plus de torts que d'avantages, selon un sondage Datafolha publié dimanche. Mais 65% auraient honte si le Mondial était perturbé par des manifestations. Des chiffres contradictoires, qui n’empêchent pas de nombreux Brésiliens de se parer de vert et de jaune pour supporter la Seleçao. 68% la voient remporter le Mondial. Réponse le 13 juin prochain dans le stade du Maracana, avec ou sans grèves.
A lire aussi :
>> La Roja fermée à double tour
>> EN IMAGES : Ribeirao Preto, la ville où les Bleus vont s'installer
>> Zico : « La France est un point d'interrogation »