
Le Brésil va-t-il enfin se libérer ?

Luiz Felipe Scolari et ses joueurs - -
« J’ai peur. J’ai un peu peur. » A l’image d’Erika, cette étudiante de 23 ans, pas besoin de trop pousser les Brésiliens pour qu’ils livrent leur sentiment du moment. Avant le quart de finale de SA Coupe du monde face à la Colombie, le Brésil a peur. Peur du vide que laisserait une élimination face aux Cafeteros ce vendredi (22h, HF). Peur du bide aussi, pour une formation érigée en grande favorite de l’événement et qui, en cas de revers, ne ferait que donner du grain à moudre à ceux qui la qualifient déjà de pire Seleçao de l’histoire. « La pression est naturelle, estime Aldo Rebelo, le ministre des Sports brésilien. Quand la France a gagné en 1998, Zidane a été exclu durant le premier tour et a été suspendu. Du coup, la France a eu des difficultés et pourtant elle a gagné avec mérite. Ils étaient tous sous pression mais ils ont su la surmonter. C'est souvent comme ça dans une Coupe du monde. »
Sauf qu’on a rarement vu un capitaine de sélection s’effondrer littéralement au sol, comme souffrant, les larmes aux yeux, alors que son équipe venait d’écarter le Chili aux tirs au but. L’émotivité excessive de Thiago Silva, loin du visage sérieux et autoritaire qu’il affiche d’ordinaire, a interpelé au Brésil. Et passablement énervé Luiz Felipe Scolari, très déçu de voir son capitaine s’effriter sous la pression et qui regrettait encore ce jeudi de ne pas avoir la possibilité de changer un de ces 23. « Je n’en ai rien à faire de ce que les gens peuvent penser, s’est défendu jeudi soir le défenseur du PSG. C’est naturel de ressentir des émotions. Et encore plus quand on joue avec le maillot de la Seleçao. J’ai de la maturité. J’ai de la responsabilité. J’ai de l’expérience. » Des qualités qu’il n’a pas laissé vraiment entrevoir depuis trois semaines.
Ronaldo : « Le Brésil va enfin convaincre »
Fébrile, Thiago Silva l’est, comme d’autres éléments de la Seleçao, à l’image d’un Daniel Alves pas fiable dans son couloir droit ou encore d’un Fred aux abonnés absents devant et prêt à craquer, lui aussi, lorsque Scolari ne l’inclut pas ce mercredi à son deuxième schéma tactique. « C’est une sélection qui doute, insiste Juninho, membre de la Dream Team RMC Sport. On a plusieurs joueurs qui ne sont pas en forme comme Daniel Alves à droite, Paulinho au milieu, Fred devant. On a une équipe déséquilibrée. » Pour soulager les têtes et apaiser des esprits beaucoup trop tourmentés depuis le début du mois de juin, la Seleçao a fait appel à un psy, Regina Brandao, déjà louée par les joueurs. « Notre relation avec elle est bonne, elle nous aide bien, j’apprends beaucoup de choses et j’espère pouvoir continuer après, affirme Neymar. Sur le côté émotionnel, je pense que personne n’a de problème. Chacun manifeste son émotion à sa manière, mais tout le monde va bien, on est prêts à affronter la Colombie, et si Dieu le veut, à passer les quarts de finale. »
Pour cela, il faudra faire mieux que ce qui a été montré jusque-là et ne pas, comme le rappelle Juninho, compter « sur ce petit truc qui pèse à la fin ». Surtout face à ce diable de James Rodriguez, meilleur buteur (meilleur joueur ?) de ce Mondial, avec ses cinq réalisations. « Il est temps de mettre Ramires, de sortir Oscar, de remplacer Alves et de mettre Maicon, juge Frank Leboeuf, membre de la Dream Team RMC Sport. Il serait temps de faire des changements. Sinon… Ils vont se faire taper par la Colombie s’ils continuent à jouer comme ça. » Ronaldo, l’ancienne gloire de la Seleçao, croit au déclic ce vendredi. « La sélection brésilienne n'a pas encore joué un beau football comme l'an dernier, reconnait El Fenomeno. Mais je continue à croire qu'ils vont mieux jouer. Je pense que ce sera un grand match, intéressant, que le Brésil va enfin convaincre et finir par se qualifier. » Tout un peuple l’espère. Mais face aux doutes qui la rongent, la Seleçao ne saurait se contenter d’un simple discours d’intention...