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Le film de la folle journée

Equipe de France

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Ce dimanche 20 juin restera comme l’une des plus incroyables journées de l’histoire de l’équipe de France de football, celle du putsch des joueurs contre la fédération et leur hiérarchie. Retour sur 24h qui laisseront des traces...

11h20
Raymond Domenech fait son entrée sur le plateau de Téléfoot, sur TF1. Grand absent la veille de la conférence de presse surréaliste Escalettes-Evra, le sélectionneur est très attendu. Mais il réserve son fiel à… Vincent Duluc, de l’Equipe, présent sur le plateau. « Je reste parce que je suis un professionnel, lâche-t-il, mâchoire serrée. Mais je devrais me lever et m’en aller. » Réaction à la une du quotidien sportif de la veille, rapportant telles quelles les graves insultes de Nicolas Anelka à son encontre (« Va te faire enc…, sale fils de p… »).

11h45
On voit Franck Ribéry passer devant les caméras. Muet depuis des semaines, le joueur du Bayern, T-shirt, short, chaussettes et claquettes, bouscule le protocole et s’invite à la surprise générale. Il prend un micro et, debout, les larmes aux yeux, s’excuse en public. « On n’a pas été bon, on n’a pas mouillé le maillot comme on aurait dû le faire. Tout le monde se fout de nous. J’ai les boules. Je demande pardon à toute (sic) notre pays. » Les bras croisés, Domenech implore : « Laissez-nous au moins deux jours, un match arrive. Après vous pourrez ouvrir toutes les poubelles. Il faut en faire quelque chose de beau, de cette Coupe du monde… »

16h00
Les joueurs arrivent sur le terrain d’entraînement de leur hôtel. Deux cent cinquante supporters sont là pour les accueillir. Devant la nuée de caméras et de photographes, ils se montrent disponibles et souriants. Mais les poignées de mains et les autographes laissent rapidement place à une altercation entre Robert Duverne, le préparateur physique, et le capitaine des Bleus. Domenech intervient carrément pour les séparer. Duverne rebrousse chemin, ulcéré, et jette violemment son chronomètre. « Patrice Evra est venu m'annoncer que les joueurs ne participeraient pas à l'entrainement, explique-t-il peu après sur RMC. Je me suis énervé car on joue un match capital dans deux jours (contre l’Afrique du Sud, ndlr) et on n'a pas le droit d'anéantir nos dernières chances. »

16h10
Après cette spectaculaire altercation, les Bleus stoppent l’entraînement et se réfugient dans leur bus. Une réunion est improvisée, rideaux tirés. Jean-Louis Valentin, le numéro deux de la FFF, la gorge nouée, annonce sa démission. « Je suis écoeuré », lâche-t-il. Les joueurs rédigent un communiqué que le sélectionneur lira trente minutes plus tard dans la foulée, toute honte bue, aux 200 journalistes présents. Les traits tirés, Domenech indique d’une voix blanche que les joueurs « refusent de s’entraîner par solidarité envers Nicolas Anelka ». Puis il tourne les talons.

16h58
Le bus des Bleus démarre sans que les joueurs en soient sortis à aucun moment. Le staff reste sur place, interdit, Domenech y compris. Dans l’intimité de la salle de fitness de leur bunker-hôtel, certains prendront tout de même le temps de faire quelques exercices en fin d’après-midi. On apprend que Nicolas Sarkozy en personne a ordonné à Roselyne Bachelot de suivre le déplacement des Bleus à Bloemfontein ce lundi afin de lui rendre compte de l’évolution d’une situation de plus en plus ubuesque.

18h30
Dans un communiqué publié sur son site, la FFF « présente ses excuses pour le comportement inadmissible des joueurs représentant notre pays » et indique qu’un « Conseil Fédéral sera convoqué immédiatement dès le terme du parcours de l'Equipe de France pour tirer toutes les conséquences de la situation de crise ainsi créée. »

20h10
Sur TF1, la ministre des Sports Roselyne Bachelot, présente en Afrique du Sud, en appelle « à la dignité et à la responsabilité », annonçant une réunion ce lundi à Bloemfontein « avec le capitaine Patrick (sic) Evra et Jean-Pierre Escalettes ». La ministre restera jusqu’à mardi soir « auprès des Bleus ». Au chevet, aurait-elle pu dire, tant la maladie semble aiguë. Sur RMC, Christophe Dugarry estime que les joueurs « sont devenus dingues »…