Le grand show Maradona

Diego Maradona - -
Il avait donné le ton avant le départ de la délégation argentine en Afrique du Sud. « Si nous gagnons la Coupe du monde, je me mettrai nu et je courrai autour de l'Obélisque de Buenos Aires », s’était exclamé Diego Maradona dans un show télé. Le peuple argentin avait ri à gorge déployée. En dépit de ses foucades et de ses limites, le sélectionneur des Albicelestes est l’espoir de tout un pays qui rêve d’un premier titre depuis le Mundial mexicain en 1986.
L’attente est énorme. La pression ne l’est pas moins. Maradona, lui, préfère jouer l’outrance et la dérision. Chacune de ses conférences de presse est un show incandescent qui fait les choux-gras de la presse. Dès le début du Mondial, le sélectionneur argentin attaque Pelé et Michel Platini, qui auraient osé remettre en cause ses qualités de sélectionneur. « Je ne suis pas surpris, la place de Pelé est dans un musée, lance-t-il hilare. Quant à Platini, je ne suis pas non plus surpris, étant donné que j'ai toujours eu une relation distante avec lui. Mais, vous savez comment sont les Français, ils se croient meilleurs que les autres… »
El Pibe de Oro s’excusera auprès de Platini, pas de Pelé, son meilleur ennemi. Après le froid, l’idole de tout un peuple souffle le chaud. Dragueur impénitent, il fait ostensiblement du gringue à une superbe journaliste équatorienne qui a eu le privilège de lui poser une question. « Quand est-ce qu’on sort ensemble ? » demande dans un large sourire le fripon. La salle éclate de rire.
Ses joueurs sont également sous le charme. Sa première grande causerie juste avant le premier match de l’Argentine face au Nigeria (1-0) a laissé des traces. « J’en ai pleuré, souffle Maxi Rodriguez, le milieu de Liverpool. Il fallait voir l’émotion de son discours. » Le public ne s’y trompe pas. Face à la Corée du Sud (4-1), au Soccer City stadium de Johannesburg, le spectacle est autant sur le terrain qu’à côté du banc de touche. Maradona, qui a montré au public la Une d’un journal du lendemain du sacre de 1986, est la cible de tous les regards. Chacun de ses gestes est décortiqué. Une aile de pigeon (mal maîtrisée), et les spectateurs s’enflamment.
« Je veux mourir avec mes joueurs »
C’est comme si Diego Maradona voulait prendre toute la pression de la compétition sur ses épaules. « Cette Coupe du monde est le challenge de sa vie », affirme Alexandre Julliard, l’auteur de sa biographie française. Car derrière cette image de clown, l’homme a changé. Pour la première fois, il est devenu sérieux et professionnel. Il programme des séances d’entraînement le matin. Alors qu’il adore dormir. Il participe à toutes les réunions techniques, s’enflamme, puis se calme. Ses proches assurent également une protection rapprochée. C’est pour cette raison qu’Alejandro Mancuso, son ancien équipier mais aussi son garde-fou, est à ses côtés dans le staff.
Dans cette fournaise médiatique, Maradona refuse de se détourner de son obsession : le sacre mondial. « Je crois en ces vingt-trois joueurs, affirme-t-il. Je veux mourir avec eux car je sens ce maillot, je sens le soutien des supporters. En tout cas, je suis fier de mes garçons. Ils se sont mis dans la tête que tout un pays est derrière eux. Ça fait très chaud à l’intérieur… » Le destin est en marche.
Le titre de l'encadré ici
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Les équipes probables
Argentine : Romero - Otamendi, Demichelis, Burdisso, C. Rodriguez - Maxi Rodriguez, Bolatti, Veron - Messi (cap.), Milito, Agüero.
Grèce : Tzorvas - Kyrgiakos, Vyntras, Papadopoulos, Torosidis - Papastathopoulos - Salpingidis, Tziolis, Karagounis (cap.), Katsouranis - Gekas.