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Le succès suisse décrypté

Gelson Fernandes a marqué le seul but suisse de la partie

Gelson Fernandes a marqué le seul but suisse de la partie - -

La victoire de la Suisse face à l’Espagne jeudi (1-0) a été une véritable secousse. Retour sur la première énorme surprise de ce Mondial.

Un coach charismatique
Face à l’Espagne, Ottmar Hitzfeld a bâti une équipe de combat. Maître tacticien, l’Allemand avait décidé de rendre la vie impossible aux joueurs de Del Bosque et de les obliger à passer sur les côtés. Il a même demandé à ses joueurs d’abandonner la possession du ballon à leurs adversaires. Jamais une équipe n’avait gagné un match de Coupe du monde avec 29% de possession de balle. Le coffre-fort suisse, qui n’a plus encaissé de but en phase finale depuis 480 minutes, l’a fait ! Pour Gelson Fernandes, l’Allemand a surtout une qualité essentielle : « Il a l’habitude de gagner et d’ailleurs, il a immédiatement tourné la page de la victoire face à l’Espagne. » Stéphane Chapuisat, qui l’a connu au Borussia Dortmund, parle d’un « génie dans la manière de s’adresser aux joueurs et de donner confiance à un groupe ».

La victoire d’un groupe
Après l’énorme déception de l’Euro 2008 où elle avait été éliminée dès le premier tour, la jeune génération suisse s’est relancée vers les sommets. Symbole de ce groupe, Gelson Fernandes, l’auteur du but vainqueur face à l’Espagne, explique les raisons de cette évolution. « On était un peu jeunes pour l’Euro, glisse-t-il. Nous n’avions aucune expérience. Là, on a deux ans de plus. On a du vécu et forcément plus de recul. » Tout n’a pourtant pas été simple lors des éliminatoires de Coupe du monde. « On a connu des moments difficiles, souligne le Stéphanois. La défaite face au Luxembourg nous a fait très mal. Je me souviens lorsqu’on a pris l’avion pour rejoindre nos clubs, le lendemain. Notre moral était au plus bas... » Mais c’est dans les coups dur que se forge un mental.

A bas l’euphorie
Des voitures qui défilent dans les villes, des gens qui se promènent torse nu sous la pluie un drapeau dans les mains après la victoire face à l’Espagne : les sages Suisses se sont lâchés. « Le peuple suisse n’est pas habitué à de telles scènes de liesse populaires, souligne Daniel Visentini, journaliste à la Tribune de Genève. Il s’est passé quelque chose. » A l’Emerald Resort & Casino, superbe complexe de Vanderbijlpark, petite ville entre Johannesburg et Pretoria où la Suisse a établi son camp de base, les joueurs ne s’enflamment pas. « On est à douze heures d’avion de l’euphorie », lance Gelson Fernandes. L’exploit de Durban n’a même pas été fêté. « On garde les pieds sur terre, affirme Blaise Nkufo, l’attaquant du FC Twente. C’est très important d’être humble et de mieux faire. » A commencer dès le prochain match face au Chili, lundi prochain, au Nelson Mandela Bay stadium de Port-Elizabeth.

Marc Ambrosiano et Loïc Briley à Johannesburg