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Les Afrikaners apprennent à aimer le foot

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Passionnés de rugby et de cricket, les descendants blancs des colons néerlandais n’apprécient que modérément le football. Grâce à la Coupe du monde, certains se laissent prendre au jeu. Reportage dans un bastion afrikaner, près de Johannesburg.

La fièvre de la Coupe du monde s’estompe au fur et à mesure que l’on quitte la mégapole de Johannesburg et ses millions d’habitants. A quarante kilomètres à l’est, la petite cité de Krugersdorp ne vit clairement pas au rythme du ballon rond.

Cette ville est un bastion afrikaner, les descendants des colons hollandais qui ont débarqué sur le sol sud-africain au 17e siècle. Elle a vu notamment naître Morné du Plessis, l’ancien capitaine et manager des Springboks. Aujourd’hui, les Afrikaners représentent un peu plus de la moitié des cinq millions de Sud-Africains blancs. Ils ont gardé une culture et une identité propres. Ils parlent l’afrikaans, une langue dérivée du hollandais, et jouent au rugby plutôt qu’au football. « Je n’ai pas regardé un seul match de cette Coupe du monde, confie André, un Afrikaner de Krugersdorp. Je trouve que c’est un sport complètement idiot. Ils en font tellement autour de cette Coupe du monde, avec les drapeaux sur les voitures… Moi je reste en dehors de ça, ça ne m’excite pas du tout. »

« Une affinité particulière avec les Pays-Bas »

Pourtant, on aperçoit quand même quelques drapeaux sud-africains sur les voitures ici et là, et certains Afrikaners de souche ont cédé à l’enthousiasme autour de l’évènement. « Il ne faut pas me demander d’aller au stade, il y a trop de monde, ils sont trop exubérants et ils font trop de bruit avec leurs vuvuzelas, raconte Nicole, une mère de famille. Mais j’ai quand même regardé les matchs des Bafana Bafana, et croyez moi ou pas, j’ai même crié pour eux ! »

Depuis le début de la compétition, certains ont donc appris à aimer le football, et après l’élimination des Bafana Bafana, ils se tournent assez logiquement vers leurs ancêtres. « Moi je suis derrière les Pays-Bas, ils vont remporter la Coupe du monde, s’exclame Daniel. On a une affinité particulière avec eux, c’est évident. Moi j’ai des amis et de la famille en Hollande, et puis on parle presque la même langue. On se comprend. » Du coup, si les Pays-Bas se qualifient pour la finale aux dépens de l’Uruguay, une partie des Afrikaners de Krugersdorp pourrait bien attraper la fièvre orange…

Marie Régnier