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Les Bleus à l’agonie

Hugo Lloris

Hugo Lloris - -

Fantomatiques, indignes de la Coupe du monde, les joueurs français ont été balayés par une équipe mexicaine offensive ce jeudi soir à Polokwane (0-2). Leur avenir dans la compétition ne tient plus qu’à un fil. Mais le ressort semble définitivement cassé.

Dominés le plus logiquement du monde par un Mexique autrement joueur et concerné (2-0), les Bleus ont touché le fond. C’est très probablement la fin d’un cycle, ce pourrait être aussi la fin d’un système. Jamais El Tricolor n’avait encore battu l’équipe de France en six matches. Mais cette génération n’est pas comme les autres. « Ce sont des gagnants », avait prévenu Javier Aguirre. Ribéry et ses équipiers s’en sont aperçus. Un peu tard…

Avec le carton réalisé la veille par l’Uruguay face à l’Afrique du Sud (3-0), les Bleus connaissaient pourtant les termes du contrat : il ne faut surtout pas perdre sous peine d’être à la merci d’une entente latino-américaine lors de la dernière journée du groupe A. Les enjeux sont considérables et sur la pelouse du Peter Mokaba stadium, l’émotion est palpable. Raymond Domenech a le masque. Durant les hymnes, Patrice Evra écrase même une larme.

La première période est un furieux combat au fil duquel les Mexicains se montrent les plus dangereux grâce à des ballons dans le dos de la défense française. Vela oublie deux équipiers dans l’axe (8e), Franco se joue d’Abidal mais ne cadre pas (12e), Salcido allume Lloris de près (33e). Dans l’axe, William Gallas a un mal fou devant la vivacité de Giovani et de Vela, qui touché derrière la cuisse droite, quittera ses partenaires (32e).

La réorganisation effectuée par Raymond Domenech, ou du moins la mise à l’écart de Yoann Gourcuff, n’apporte pas les solutions qui pourraient rendre l’attaque des Bleus plus efficace. Bien au contraire, l’influence de Govou est quasi nulle. Anelka dézone toujours sans résultat notable. Si Malouda surnage, Ribéry est le seul à percuter et à créer quelques décalages. Mais les dernières passes n’arrivent pas. Peut-être parce que ses équipiers ne lui proposent aucune option.

Dans un état lamentable

Dans la bataille du milieu, Juarez fait sa loi et Salcido laboure son côté gauche. Le jeune Diaby revient dans le match après avoir eu un mal fou à se mettre en jambes. Quant à Toulalan, son abnégation lui coûte cher. A quelques secondes de la mi-temps, il se sacrifie afin d’enrayer un rush dangereux de Franco (45e+1). Il écope d’un avertissement et sera suspendu face aux Bafana Bafana. C’est désormais anecdotique.

Après la pause, le remplacement d’Anelka par Gignac sonne comme un désaveu cinglant pour l’attaquant de Chelsea. Les débats s’animent. Dans l’un des temps forts des Français, la frappe du droit de Malouda est repoussée par Perez (54e). Ce sera la seule vraie occasion des Français. Constat grotesque !

Pour Javier Aguirre, l’heure est venue d’avancer ses pions. Il sort Juarez pour Hernandez, la perle de Chivas (55e). Puis Franco pour le vétéran Blanco (62e). Les Bleus sont sous pression. Et sur une nouvelle balle en profondeur de Marquez, Hernandez s’échappe à l’extrême limite du hors jeu, dribble Lloris et ouvre le score avec un sang froid remarquable (64e).

La cote de l’équipe de France descend en flèche. C’est le moment que choisit Domenech pour lancer Valbuena à la place de Govou, auteur d’un match fantomatique (69e). Mais les défauts du jeu français se voient comme le nez au milieu du visage : pas d’enchaînement, des joueurs arrêtés, aucune idée, comment voulez-vous marquer dans ces conditions ? Notez que depuis la Tunisie (1-1), les Bleus n’ont plus inscrit le moindre but. Quant aux attaquants, le bilan est encore plus accablant. Il faut remonter au barrage aller face à l’Irlande le 14 novembre pour retrouver la trace d’un but d’un attaquant, en l’occurrence Nicolas Anelka.

Le match vire au cauchemar lorsque Abidal accroche Barrera et provoque un penalty. C’est Cuauhtemoc Blanco, 37 ans, qui le transforme (79e). Le coaching d’Aguirre porte ses fruits. Il révèle surtout les lacunes insondables de Domenech. L’équipe de France est dans un état lamentable avant d’affronter l’Afrique du Sud, le 22 juin, au Free State stadium de Bloemfontein. Virtuellement en vacances. La preuve ? A la fin du match, Domenech et Malouda ont parlé de jouer l’Afrique du Sud « au moins pour l’honneur ». Les carottes sont presque cuites.

M.A. à Johannesburg