M'vila, la surprise du chef

- - -
Il ne sait pas encore s’il va passer son mois de juin en Afrique du Sud ou à Carnac. Yann Mvila, il le sait, a plus de chances d’aller admirer des alignements de menhirs mégalithiques que de côtoyer les grands de ce monde du côté du Cap. Il est préparé à l’éventualité, bien plus qu’il ne l’était à entendre son nom au journal de 20h. « Je ne m’y attendais pas du tout. C’est un ami qui me l’a appris par téléphone. Je ne l’ai pas cru jusqu’à ce que mon téléphone sature de messages. »
Il devait regarder l’annonce à la télé. Un contre temps avec ses petites sœurs l’en a empêché. A la ville comme sur le terrain, Yann Mvila est un homme responsable, déjà père à 19 ans. Mercredi matin, il est apparu détendu au moment de commenter sa présence dans la liste : « C’est magnifique, mais ce ne sera pas une énorme déception de ne pas être du voyage », a-t-il tempéré. La tête sur les épaules, le jeune homme a rayonné toute la saison dans l’entrejeu rennais. A la mi-novembre, son mentor Frédéric Antonetti jouait les visionnaires : « Il peut même faire la Coupe du monde ! Pour son âge, il a une maturité exceptionnelle.» De tous les milieux défensifs présélectionnés, il est même celui qui a le plus joué cette saison !
« Il assume, il assure »
Moins de 17, 18, 19, six sélections Espoirs, une Coupe Gambardella, il incarne la réussite du centre de formation de Rennes, le meilleur de France depuis quatre saisons, où il a débarqué à 15 ans. Patric Rampillon, son directeur, a guidé ses premiers pas : « Il a saisi sa chance. Il assume, il assure. » « Tout part d’Antonetti, poursuit Mvila, sa confiance, ses discours. Je lui dois tout aujourd’hui. » Si on en croit ses partenaires couchés comme lui sur le bout de papier de Domenech, Mvila a parfaitement su rendre à son coach la confiance qu’il lui accorde : « Il est très jeune mais a montré beaucoup de choses cette saison. Au-delà du joueur, je l’estime beaucoup », décrypte Rod Fanni. Jimmy Briand synthétise : « C’est une pépite. Que du talent ! »
Mercredi matin à l’entraînement, il a manqué une passe. « Et tu fais partie des trente ? », l’ont gentiment chambré ses partenaires. Il a encore du mal à réaliser. « Je ne suis pas vraiment favori pour être dans les 23. Mais tout est possible… » La preuve, personne ne l’imaginait dans les trente.