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Neuer, un si lourd héritage

Manuel Neuer

Manuel Neuer - -

Les Allemands se demandaient quel gardien aligner au Mondial après le suicide de Robert Enke et la faillite des anciens. Ils ont la réponse : Manuel Neuer s’est affirmé avec beaucoup de cran. Et malgré des critiques sans pitié.

« Si l’Allemagne veut remporter la Coupe du monde, elle aura beaucoup de difficultés à le faire avec Neuer en numéro 1. Il commet toujours quelques erreurs. » Peu avant l’ouverture de la Coupe du monde, le quadragénaire Jens Lehmann n’avait pas été tendre avec son successeur dans le but allemand. Et dire que Manuel Neuer avait fait de l’ancien portier d’Arsenal l’une de ses idoles du temps où le garçon était ramasseur de balle à Schalke04…

Sélectionné à seulement cinq reprises avant le Mondial, le gardien de 24 ans n’est pas arrivé à ce niveau dans les conditions idéales. A l’automne dernier, le suicide de Robert Enke, le populaire portier de Hanovre, bouleverse l’Allemagne entière. C’est ensuite René Adler, le numéro 2, qui se fracture une cote. Du coup, le voilà en concurrence directe avec Tim Wiese et Jorg Butt. Et ce n’est que lors des matchs de préparation qu’il gagne ses galons de titulaire.

Lehmann s’est lourdement trompé

Inexpérimenté au niveau international, Neuer compte néanmoins à son palmarès un titre de champion d’Europe des moins de 21 ans, 122 matchs de Bundesliga et 10 de Ligue des champions. Des chiffres qui l’ont positionné dans le viseur du Bayern Munich. Surtout que Neuer s’inscrit dans la tradition des gardiens allemands : un long et précis jeu au pied, une autorité naturelle dans les airs, une grosse efficacité sur sa ligne, une énorme confiance en lui… et une fâcheuse tendance à boxer les ballons et à capter les tirs en deux temps. Pas toujours rassurant, mais bougrement efficace.

Bien dans ses pompes à Schalke04, son club de cœur – il y est depuis cinq saisons –, il est l’un des artisans de la bonne tenue de son club en Bundesliga (meilleure défense). De quoi lui donner encore plus de force au moment d’aborder ses rencontres de Coupe du monde. Avec seulement deux buts encaissés contre la Serbie et l’Angleterre, il a « réalisé le meilleur match de (sa) carrière contre l’Argentine », comme il l’a confié après coup.

« Vous savez, c’est mon boulot d’arrêter les tirs, a-t-il continué. Mais au-delà du simple match, on doit être toujours concentré et prêt à sauver l’équipe. » Si bien qu’aujourd’hui, Neuer est aux portes de la finale d’une Coupe du monde. Un niveau que Jens Lehmann, demi-finaliste il y a quatre ans, n’a jamais atteint. L’erreur est humaine, Jens…

Pierrick Taisne