Soutien des réfugiés de guerre, délocalisations, attente au pays: le quotidien difficile de la sélection ukrainienne

Devant la Tarczyński Arena de Wroclaw, alors que les Bleus commencent leur entraînement, une dizaine de supporters de l’Ukraine s’agglutinent devant une grille. Habillés aux couleurs du pays, parfois drapeau sur les épaules, ils attendent l’arrivée de leur équipe, qui doit prendre la suite de l’Equipe de France. "Nous sommes des supportrices, on regarde les matchs en ligne ou au stade", sourit Ana, maillot Bleu sur le dos. Elle et sa copine Sasha sont Ukrainiennes. L’une vient de Dnipro, l’autre de Mykolaïv. Elles ont fui leur pays lors de l’invasion russe pour s’installer à plus de 500 kilomètres de la frontière, à Wroclaw. "On veut supporter des gens qui font beaucoup pour notre pays. C’est notre culture, le foot est important", appuie Sasha. "On est fières", ajoute Ana. "Même s’il n’y a pas de victoires, on est très fières d’eux car ils travaillent beaucoup, font beaucoup d’efforts."
En Pologne, le nombre de réfugiés a explosé depuis le commencement de la guerre. Ils seraient près d’un million à avoir rejoint le Pologne. Alors l’équipe nationale va disputer son troisième match à Wroclaw, elle qui vogue de pays en pays mais ne joue plus en Ukraine. Sasha sera au stade: "Le foot est très important car ça rassemble les gens. On a toujours espoir, ça nous rend heureux de voir des victoires et on est content d’être ensemble, c’est le plus important."
25.000 Ukrainiens au stade
Ce vendredi, sur les près de 40.000 spectateurs qui rempliront l’enceinte, 25.000 seront Ukrainiens. Comme à maison ou presque, puisque les conditions sont spéciales pour l’équipe depuis plus de trois ans. Plus de camp de base établi: les sélectionnés ne se rendent plus en Ukraine mais directement sur le lieu des stages pendant les trêves. Cette semaine, ils ont commencé à Opalenica, un peu plus au nord, avant de rejoindre Wroclaw. "Ici, ce sont nos matchs les plus proches", explique Inna Volochai, journaliste sportive. "Mais certains joueurs jouent dans le championnat ukrainien, essaie de venir avec des vols directs, il n’y en a pas toujours. Pour nous et l’équipe c’est parfois usant, fatiguant, 20 heures de trajet en bus à traverser des frontières. Pour certains c’est un facteur de fatigue." Même si ici, elle ajoute que "c’est un peu la maison." Une vie de sans domicile fixe. L’Ukraine a aussi délocalisé des matchs en Espagne, en Allemagne, en République tchèque…
"Mes joueurs portent le drapeau"
Mais la sélection est très suivie par les médias et au pays, elle a pris une place toute particulière: "Les matchs de l’équipe nationale sont très populaires, comme la boxe et notre champion Olexandr Usyk", note Inna Volochai. "Quand il y a du foot, on annule tout et on suit le foot donc c’est bien de faire des bons résultats. Chaque victoire compte." Il y en a eu quelques-unes, dont celle marquante contre la Belgique en mars. "L'objectif le plus important, c'est ce que je dis à mes joueurs et à moi-même, est de bien représenter le pays", lançait Serhyi Rebrov, le sélectionneur ukrainien ce jeudi. "Mes joueurs portent le drapeau de l'Ukraine quand ils sont sur le terrain de foot." Au sens figuré comme au sens propre, puisque les Ukrainiens entrent sur la pelouse avec le drapeau de leur pays qu’ils portent sur leurs épaules pendant l’hymne national. Il sera repris très fort ce vendredi et poussera l’Ukraine à espérer l’exploit face aux Bleus.