
Quel avenir pour le Cape Town Stadium ?

- - -
Un dernier frisson. Peut-être des buts. Mais quoi qu’il arrive, de l’émotion. Ce mardi, le Green Point Stadium s’apprête à clore sa Coupe du monde. Une fois que la demi-finale Uruguay-Pays-Bas aura rendu son verdict, les projecteurs s’éteindront sur l’écrin sud-africain. Enfin, temporairement. Car le bijou architectural n’a pas vocation à sombrer dans l’oubli. Encore fréquemment appelé Green Point Stadium, du nom de son prédécesseur, l’enceinte est une incontestable réussite. « Vu sous certains angles, on dirait un bateau qui flotte sur l’Océan », confie Pieter de Villiers, l’ancien rugbyman français de retour dans son pays natal.
Il n’a pas tort. La légende locale raconte que c’est Sepp Blatter en personne qui aurait insisté pour que l’enceinte soit construite à cet endroit précis. Conçu par des architectes allemands, l’édifice a été bouclé en deux ans et demi, entre mars 2007 et décembre 2009. Le coût initial des travaux (400 millions d’euros) a été largement dépassé, la faute à une conjoncture économique défavorable. A elle seule, la verrière du toit aurait engendré un surplus de 50 millions. Sa surface a été finalement réduite d’un tiers. Réparties sur trois anneaux, les tribunes ont pu accueillir 68 000 personnes par match durant la Coupe du monde.
L’exploitation du stade est assurée par un duo franco-sud africain, dont une partie n’est autre que le Consortium du Stade de France. « A la base, 74 candidats avaient répondu à l’appel d’offres, confie Bertrand Scholler, représentant du Consortium sur place. Finalement, nous l’avons emporté face à deux rivaux locaux. Notre culture, notre expertise et notre expérience ont été décisives. » Reste à relever un sacré défi : faire de ce bijou une entreprise rentable une fois le Mondial achevé.
Une dizaine d’événements en 2011
Au Cap, il n’est pas rare qu’un match de rugby attire 40 000 spectateurs. Quant au football, réservé à un public moins favorisé, il peine généralement à rassembler quelques milliers de supporters... Autant dire que le challenge s’annonce périlleux. « Il faut faire vivre ce stade, insiste Bertrand Scholler. Et ce stade vivra. Pour cela, il faut des événements. Des affiches sportives inédites ou prestigieuses, des séminaires d’entreprise. Des concerts aussi, à moyen terme. Nous nous attelons à développer une stratégie de type ‘Stade de France’. Des décisions seront prises dans la semaine. Une dizaine d’événements devraient être programmés l’an prochain. »
Morné du Plessis, l’ancien capitaine et manager des Springboks, aujourd’hui directeur du stade, ne cache pas sa préoccupation. « Les sceptiques risquent de passer les cinq prochaines années à blâmer ceux qui ont décidé d’investir autant d’argent dans la Coupe du monde. Moi, je pense que ça va marcher. On n’était pas forcément prêts à assumer tous les coûts d’une telle réalisation. Nous avons des contraintes législatives lourdes, et nous avons besoin de tout le monde pour y arriver. Les habitants du Cap sont très fiers de ce stade. Et la fierté peut aider à soulever des montagnes. »