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Rebelo, le ministre des Sports : « Les Brésiliens protestent depuis des siècles »

Aldo Rebelo et Fernanda Lima au congrès de la FIFA

Aldo Rebelo et Fernanda Lima au congrès de la FIFA - -

DOCUMENT RMC SPORT. Aldo Rebelo, le ministre des Sports brésilien, a accepté pour RMC Sport d'exprimer son sentiment sur l'organisation de la Coupe du monde, la sélection brésilienne, l'équipe de France et de se projeter sur la finale au Maracana.

M.Rebelo, la Coupe du monde a-t-elle apaisé les contestations sociales ?

Les Brésiliens protestent depuis des siècles. Ils ont protesté quand le Brésil était une colonie, quand c'était une monarchie. Ils ont protesté contre l'esclavage. Ils ont protesté pour obtenir des droits sociaux, pour avoir l'école gratuite. Nous ne sommes pas allés jusqu'à l'extrémité d'une révolution française. Les rues de Rio de Janeiro n'ont pas été lavées par le sang des guillotines. Mais il y a aussi eu beaucoup de manifestations et de violence. Aujourd'hui, même pendant la Coupe du monde, les contestations sont prévisibles et normales.

Que pensez-vous de l'ambiance mise par les supporters du monde entier durant cette Coupe du monde ?

Le Brésil accueille bien les étrangers. Le meilleur spectacle de la Coupe du monde, c'est celui offert par tous les supporters étrangers et par l'accueil des Brésiliens. Ce n'est pas seulement tolérer les différences, c'est aussi accepter de transmettre du respect. Et c'est ce que font les Brésiliens pendant ce Mondial.

Avez-vous déjà une idée des retombées de cette Coupe du monde pour le Brésil ?

Premièrement, cette compétition peut rapporter une sixième étoile à tout le peuple brésilien. Ensuite, ça peut engendrer des millions d'emplois. Certains ont déjà calculé que trois millions d'emplois pourraient être créés. Les stades vont améliorer le niveau du foot brésilien. Mais je pense que le plus gros gain sera celui de l'image. On a la confirmation que le Brésil est un pays accueillant où l'on peut investir son argent, avec qui on peut avoir de bonnes relations. C'est un pays démocratique où il fait bon vivre et où les manifestations sont permises sans que ça dérange les grands événements.

Que pensez-vous de la sélection brésilienne ?

C'est une très bonne équipe avec de grands joueurs, une bonne défense et un attaquant exceptionnel qu'est Neymar. Et ce sont les grands attaquants qui font la différence, comme c'est le cas actuellement chez les Pays-Bas ou la France. Il y a aussi des joueurs exceptionnels en Argentine. Mais Neymar est hors catégorie. Ce n'est pas pour rien s'il est une icône.

N'êtes-vous pas quand même un peu déçu du jeu de la Seleçao, qui semble étouffée par la pression ? D'ailleurs, Luis Felipe Scolari aurait récemment confié qu'il regrettait d'avoir convoqué un joueur parmi les 23...

Je ne pense pas qu'il y ait une déception. Cette histoire de Scolari est à mon avis une histoire de journalistes. La pression est naturelle. Quand la France a gagné en 98, Zidane a été exclu durant le premier tour et a été suspendu. Du coup, la France a eu beaucoup de difficultés à battre le Paraguay en 8es de finale avec un but en or dans la prolongation. Et pourtant, la France a gagné avec mérite. Ils étaient tous sous pression mais ont su la surmonter. La vie est comme ça, surtout dans une Coupe du monde.

On pourrait avoir un France-Brésil en demi-finales. Ça vous évoque quoi ?

Cette affiche est plus une finale qu'une demi-finale. Mais une finale France-Brésil cette année est impossible. Pourtant, le Maracana aurait été un beau théâtre pour cette finale. Mais en cas de match France-Brésil cette année, ce serait l'occasion pour changer les statistiques très mauvaises des Brésiliens face aux Français.

Pouvez-vous citer cinq joueurs de l'équipe de France ?

Le plus important n'est malheureusement pas ici au Brésil. C'est Ribéry. Mais je peux dire que Benzema est un grand joueur. Evra est aussi un grand joueur. Pogba est également un grand joueur. Je pense que la France a une belle équipe. Mais comme les Pays-Bas, c'est une équipe qui manque de confiance en elle. Cependant, Didier Deschamps est non seulement un technicien reconnu, mais aussi un homme qui développe un esprit d'équipe. C'est un leader qui sait motiver ses joueurs. Et je pense que ça peut faire la différence.

Quelle serait la finale idéale selon vous ?

Nous avons déjà eu des finales Brésil-Allemagne, Brésil-Italie, Brésil-France. Mais nous n'avons jamais eu de finale Brésil-Argentine ou Brésil-Pays-Bas.

Pouvez-vous imaginer une défaite en finale face à l'Argentine ?

Nous avons facilement gagné face à l'Argentine lors des derniers matchs et ici principalement. C'est très difficile de battre le Brésil chez lui. C'est déjà arrivé, mais c'est rare. Je pense que la victoire de l'Uruguay en 1950 fait qu'aujourd'hui, reproduire un tel scénario pour les Argentins par exemple, serait très difficile. Ce serait inconcevable de vivre deux défaites brésiliennes en finale au Maracana.

Loïc Briley avec Giovanna Reis