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Riolo : «L’Allemagne tient sa 4e étoile… »

Daniel Riolo

Daniel Riolo - -

Retour sur le sacre mondial de l’Allemagne…

La nouvelle déroute du Brésil dans la petite finale aura été un moment fort de cette Coupe du Monde. Un Brésil finalement pathétique, romantique dans sa chute.

Après ça donc, la finale. La 3e entre l’Allemagne et l’Argentine. Entre ces deux énormes pays de foot.

Il faut quelques minutes à peine pour que le « plan de jeu » envisagé se mette effectivement en place. L’Allemagne (privée au dernier moment de Khedira) pose le jeu, imprime son rythme et montre vite plusieurs combinaisons très séduisantes.

Il n’y a pas de phase d’observation. Cette finale est vite intéressante.

L’Argentine sort en contre. Messi place une accélération, Lavezzi aussi. L’indication est claire, l’Albiceleste peut faire mal. Mais il va falloir pour ça jouer ces coups-là avec plus de 2/3 joueurs disponibles. L’Argentine soigne, avant tout, sa base défensive. Deux lignes de 4, Messi et devant avec Higuain. Lavezzi, sur le côté droit est chargé de mener le plus de contre-attaques possible. Le 442 est modulable.

La plus grosse occasion de ce début de finale, c’est pour Higuain. Un cadeau, un énorme cadeau de la défense allemande. Le 9 du Napoli se retrouve seul à l’entrée de la surface. Cette offrande, il n’y croit pas ! En finale, on peut recevoir un tel ballon ? En finale, on peut aussi ne pas savoir gérer un tel moment et déchirer sa frappe. J’aime pas beaucoup l’expression « tournant de match », mais cette occasion mal jouée par Higuain, ça y ressemble beaucoup.

La maîtrise allemande est là, évidente. Ça circule, ça bouge, mais ça bute sur une défense très serrée. De 4 joueurs, ça passe vite à 6. Devant, Higuain cavale, fait un premier pressing solitaire. Messi, lui, marche et attend le ballon. Mais dès qu’il le touche, on sent que ça peut être le grand soir…

30è minute, Kramer sort blessé. Löw discute avec Lahm son capitaine. Va-t-il passer en 6 ? Non. Le changement est offensif. Schürrle rentre. La prise de risque est importante. A ce moment-là, il n’y a plus de « vrai » milieu défensif côté allemand. Schweinsteiger va reculer d’un cran. Même dans le Bayern de Guardiola, il joue toujours avec un coéquipier plus défensif.

On est plus que jamais dans le scenario envisagé au départ. L’Argentine a même, a priori, maintenant encore plus de place au milieu.

Ce sont ces espaces qui permettent aux Argentins d’être plus souvent dangereux. L’absence de Khedira au dernier moment, la blessure de son remplaçant, Kramer, ça provoque forcément des flottements tactiques côté allemand.

Grâce à l’Allemagne, à ce qu’elle fait, en bien et en moins bien, cette finale est ouverte et absolument passionnante.

Juste avant la pause, Höwedes touche le poteau.

La seconde période débute avec un changement côté argentin. Agüero remplace Lavezzi. Higuain et Agüero ensemble, ça n’a pourtant jamais vraiment bien marché dans ce Mondial. L’Argentine passe en 433 et se crée tout de suite une belle opportunité. Messi est, en effet, tout près de marquer.

Le changement tactique de Sabella perturbe les Allemands. Je me demande si faire passer Lahm en 6 ne serait pas une bonne idée, histoire de remettre de l’ordre… Au milieu, les Allemands ne sont alors plus aussi maîtres du jeu. Le match est totalement équilibré, indécis, intense. Les Argentins affichent toujours cette même intelligence. Tout ce qu’ils font est plein de bon sens. Doit-on encore préciser à quel point Mascherano est extraordinaire ? Soulignons aussi la classe de Demichelis.

L’Allemagne est toujours aussi habile, mais elle semble souffrir parfois de son déséquilibre. Trop de bonnes situations ne sont pas assez bien jouées.

On se dirige vers la prolongation. Sabella veut le milieu. Il lance Gago à la place de Perez. Moins d’impact, plus de technique.

Löw répond. Götze remplace Klose. Il reste alors 5 minutes. Il y a beaucoup de fatigue. Les équipes sont au bord de la rupture. Le temps semble, toutefois, être mieux géré par l’Argentine. 

La prolongation :

La belle occasion d’entrée pour Schürrle symbolise la reprise de contrôle de l’Allemagne. Mais les mouvements sont plus difficiles, le jeu plus dur à construire. Cette fatigue générale convient aux Argentins qui semblent être capables de défendre encore 2h…

Les Allemands n’ont plus la force de bouger le bloc argentin et la finale s’étire. Ce match a été souvent superbe, là dans ces dernières minutes, il ne reste que le côté dramatique, l’attente des tirs aux buts. L’issue.

Il reste toutefois un peu de place. Après un long temps mort. Le temps de respirer. Schürrle part côté gauche. Son centre trouve Götze dont l’enchainement contrôle frappe est sublime. La défense centrale argentine passe au travers pour la première fois du Mondial ! Mascherano est court, Garay et Demichelis dépassés. Ils ont été fantastiques et cèdent au pire des moments.

Il reste 6 minutes avant le sacre annoncé de l’Allemagne. L’Argentine n’a jamais été menée. Peut-elle réagir maintenant ?

J’ai beaucoup de mal après une telle finale à dire que c’est mérité pour l’Allemagne, parce que l’Argentine s’est magnifiquement battue et que dans une finale, le mérite est relatif. Mais comment ne pas constater que l’équipe qui a le plus osé, entrepris, joué gagne cette Coupe. Depuis 2006, l’Allemagne tourne autour d’un trophée, depuis 2006, elle crée, elle est séduisante, elle a les meilleurs joueurs. Le moment était venu de récompenser tout ce travail bien fait depuis des années…

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Daniel Riolo