
Suarez, le croque-monsieur des surfaces

Luis Suarez - -
« Certains bouillonnent en eux et ne le montrent jamais. Moi, je n’y arrive pas, je montre toujours mes émotions ». Luis Suarez ne s’était pas caché lors de son passage dans Luis Attaque en novembre dernier sur RMC. Cette facette de sa personnalité a de nouveau ressurgit mardi face à l'Italie, lors de la dernière journée du groupe D de la Coupe du monde (1-0). Ce n’est pas nouveau, le meilleur buteur de l’histoire de l’Uruguay (41 buts en 79 sélections) a du mal à se contrôler. La morsure sur Giorgio Chiellini, Suarez l'avait déjà expérimentée sur deux joueurs : Otman Bakkal du PSV Eindhoven en 2010, lorsque il évoluait à l'Ajax Amsterdam, puis Branislav Ivanovic, le défenseur de Chelsea en avril 2013. « Luisito » avait écopé de sept matches de suspension pour son premier coup de dents, avant d’être éloigné des terrains durant dix matches pour le second.
L’Angleterre, où il évolue depuis trois saisons, commence à bien connaître la face sombre de l’attaquant de Liverpool. Le 15 octobre 2011, lors d’un match face Manchester United, Suarez traite Patrice Evra de « negro ». Un terme qui, selon lui, n’a « rien de péjoratif ». Le dérapage raciste, aggravé par son refuse de serrer la main du Français lors de leurs retrouvailles, lui vaudra 48 000 euros d’amende et 8 matches de suspension.
Une idole en Uruguay
Malgré ses craquages à répétition, celui qui a été exclu lors de sa première sélection avec l’Uruguay (contre la Colombie en 2007), est une véritable idole au pays, où la presse s’est d’ailleurs bien gardée de mettre en avant son dernier coup de sang. Les supporters de la Celeste voient en lui l’incarnation du garra charrua (la hargne uruguayenne) dont ils sont si fiers.
Symbole de cette grinta poussée à l’extrême : son sacrifice lors du Mondial 2010. En quarts de finale face au Ghana, Suarez arrête volontairement un tir de la main. Un geste qui permet aux siens de se qualifier in-extremis après le penalty manqué par Gyan. Un raté qu’El Pistolero célèbre sans retenue sous les yeux des caméras… Cette haine de la défaite, le buteur aux incisives affûtées l’a cultivée durant son enfance. Après avoir vu le jour à Salto, ville de 100 000 habitants à l’Ouest de l’Uruguay, près de la frontière argentine, le petit Luis déménage avec ses trois frères et ses deux sœurs dans la capitale Montevideo. Du haut de ses sept printemps.

Le Tyson du ballon rond
Deux ans plus tard, ses parents divorcent à cause de son père, alcoolique et souvent violent. Le surdoué grandit alors dans la rue et se forge un mental de combattant. Durant son adolescence, le Tyson du ballon rond préfère tout de même les sorties et la boisson aux terrains entrainements. Jusqu’à sa rencontre avec Sofia Balbi, qui deviendra sa femme et la mère de ses deux enfants, à l’âge de 15 ans alors qu’il stagne au Nacional. Canalisé par sa belle, Luis décide de se consacrer au football de manière professionnelle. Groningue (Pays-Bas) repère le phénomène et lui fait traverser l’Atlantique en 2006, avant que l’Ajax Amsterdam ne lui permette d’exploser aux yeux du monde.
Depuis 2011, ce sont les Reds qui profitent du talent de Suarez, meilleur joueur et meilleur buteur (31 buts) de la dernière Premier League. Mais le club de la Mersey sait que son joyau de 27 ans peut péter un plomb à tout moment. Sans forcément s’en rendre compte. « Ce sont des situations qui arrivent, a expliqué Suarez après avoir croqué Chiellini. On est côte à côte dans la surface, je bute contre son épaule, ce sont des choses qui arrivent sur le terrain et ce n'est pas la peine de leur donner trop d'importance. » L’Italie n’est pas de cet avis. La FIFA non plus. Mais Suarez ne changera sans doute pas pour autant…

Le titre de l'encadré ici
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La FIFA engage une procédure
Une procédure disciplinaire a été ouverte par la Commission de discipline de la FIFA. En attendant que cette dernière ne livre ses conclusions, la Fédération internationale se refuse à tout commentaire et ne souhaite pas anticiper une possible peine qui pourrait aller d’un seul match à dix rencontres, en passant par une exclusion définitive de ce Mondial 2014.