Une revanche pour l’histoire

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Malgré les démentis de part et d’autre, l’ombre de la finale de l’Euro 2008 va envelopper le Moses Mabhida Stadium ce mercredi (20h30). Deux ans après, l’Allemagne et l’Espagne se retrouvent pour un remake de la nuit de l’Ernst-Happel Stadion de Vienne. C’était le 29 juin 2008, en finale de l’Euro 2008. Les Ibères s’étaient imposés 1-0. Un match que les deux équipes n’ont pas oublié. « Nous les avons battus il y a deux ans, mais je ne pensais pas qu’ils seraient heureux de nous revoir, sourit narquoisement David Villa, meilleur buteur actuel du Mondial avec 5 réalisations. Mais nous devons oublier ce match. Sans une victoire en Coupe du monde, ce serait comme si nous n’avions rien accompli. »
Ambitieux et en quête de doublé, les champions d’Europe vont disputer leur première demi-finale à ce niveau. L’Espagne, éternelle déception des grandes compétitions, a laissé depuis 2008 la place à une sélection triomphante. Comme au temps de la Movida, le plaisir (de jouer) et la créativité ont émergé après des années d’austérité. Etincelante depuis deux ans, la Roja s’est parfois oubliée, comme lors du premier match face à la Suisse (0-1).
Mais depuis l’accroc helvète, l’équipe de Vicente Del Bosque a repris le chemin de l’humilité. Les succès se sont enchaînés, souvent laborieusement et grâce à David Villa, face au Honduras et au Chili (2-1) en poule, puis contre le Portugal et le Paraguay (1-0) en huitièmes et en quart. Qu’importe sans doute : « Le chemin à parcourir était très long : 17 matchs en comptant les qualifications. Il n’en reste que deux. On y est presque, on y croit », souligne Pep Reina, le portier de Liverpool.
Les pronostics de Paul le poulpe
Le revers subi en finale de l’Euro a bouleversé les plans et l’approche de Joachim Löw, grand amateur du FC Barcelone. Le sélectionneur allemand a tiré un trait sur ses vieux grognards (exit Lehmann, Metzelder, Hitzlsperger, Frings et le blessé Ballack), héritiers de l’identité allemande parfois cynique (Séville 82), souvent implacable (Mondial 1990). Place à la jeunesse triomphante et au jeu offensif. L’arrière droit Holger Badstuber, le génial Mesut Özil et le virevoltant Thomas Müller (suspendu ce mercredi), tous les trois 21 ans, ont pris le pouvoir.
Leurs « ainés » Philipp Lahm, Bastian Schweinsteiger ou Lukas Podolski les encadrent. En dépit d’une défaite, à dix, contre la Serbie (0-1) en poule, le jeunisme a payé, notamment face à l’Angleterre (4-1) et l’Argentine (4-0). « C’est fantastique. Personne en Allemagne ne s’attendait à ça », applaudit même Franz Beckenbauer, d’habitude franchement avare en compliments.
Une opposition entre deux équipes qui aiment jouer fait forcément rêver. Le match dans le match entre David Villa et Miroslav Klose aussi. Le premier n’est qu’à un but de Raùl, meilleur buteur de l’histoire de la sélection espagnole (44 buts). Le second rejoindrait en cas de réussite le Brésilien Ronaldo, déjà auteur de quinze buts en Coupe du monde. Difficile de dégager un favori. Même si Paul le poulpe y est allé de son pronostic : l’Espagne va l’emporter. La pieuvre, née en Angleterre et qui vit dans un aquarium allemand, ne s’est jamais trompée depuis le début de la compétition. Elle n’a donné qu’une mauvaise prédiction. C’était en finale de l’Euro 2008...