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Vuvuzela, la corne de la discorde

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Les bruyantes trompettes sud-africaines, découvertes l’an dernier lors de la Coupe des Confédérations, constitueront un apport précieux pour les Bafana Bafana. Pas obligatoirement pour leurs adversaires…

« Ne me parlez pas de vuvuzela, menace Mark Gleeson, célèbre journaliste sportif sud-africain. Rien que le nom me fait mal aux oreilles. Quand je commente un match, j’en fais abstraction. Je décide que je n’entends rien. Sinon je ne peux plus travailler. C’est infernal. »

Depuis un an, cette sorte de trompette en plastique (de 50cm à plus d’un mètre de longueur) est devenue, malgré elle, un enjeu international. Après avoir fait son apparition dans les stades sud-africains il y a une dizaine d’années, le vuvuzela s’est révélé au monde durant la Coupe des confédérations 2009, répétition générale de la Coupe du monde. Plusieurs stars du foot s’élèvent vigoureusement contre le vacarme produit conjointement par ces milliers d’instruments, semblable à un essaim d’abeilles géant. D’autant que les supporters s’époumonent durant toute la partie, actions dangereuses ou non...

La FIFA a d’abord tenté de bannir les vuvuzelas du Mondial. Mais la presse sud-africaine s’est emparée de l’affaire, dénonçant une ingérence scandaleuse dans les traditions sportives nationales. Le « Daily Sun », tabloïd à succès, a habilement détourné la campagne de soutien des produits locaux (« Proudly South-African », fièrement sud-africain) en slogan pro-vuvuzela (« Loudly South-African », puissamment sud-africain). Un carton, au point que Sepp Blatter en personne a soudain fait machine arrière au nom de l’authenticité africaine. Et pourtant : la version plastique actuelle, d’abord importée de Chine, n’a qu’un lointain rapport avec l’instrument originel. Le vuvuzela, otage de pensées populistes ?

« On est en Afrique ici ! »

« C’est une part de notre culture, estime Kirsten Nematandani, président de la Fédération sud-africaine de football. C’est important que le monde se rende compte qu’on est en Afrique ici. A chacun sa façon de supporter son équipe. Ici, c’est comme ça. Et grâce à cela, notre équipe ne joue pas à onze, mais à douze ou treize. » Confirmation de Surprise Moriri, milieu offensif des Bafana Bafana : « Je suis curieux de voir comment nos adversaires vont réagir face à l’ambiance si particulière créée par les vuvuzelas. Nous y sommes habitués, pas eux. Et ça avait l’air d’en énerver pas mal l’an passé... »

Le phénomène ne risque pas d’ailleurs pas de s’estomper : entrées de stades, feux rouges, magasins de sports, supermarchés, les vuvuzelas, « customisés » ou non aux couleurs des clubs et des équipes nationales, sont partout en Afrique du Sud. Et ils ne coûtent pas chers : entre deux et dix euros. Les fabricants de bouchons d’oreilles peuvent se frotter les mains : la Coupe du monde sera bruyante ou ne sera pas.

JFP