Courbis : « Je veux terminer ma carrière d’entraîneur avec un titre de champion »

Sous liberté conditionnelle depuis ce matin, Rolland Courbis était l'invité de Jean-Jacques Bourdin - -
Rolland, vous voilà libéré. Comment avez-vous occupé vos journées depuis votre incarcération fin septembre ?
Les journées ont été évidemment très longues. Je n’apprends rien d’original. Ça fait drôle de se retrouver là, mais je ne suis pas là pour commenter une décision de justice. Elle est ce qu’elle est. Dans les prochaines semaines, les prochains mois, les prochaines années, je pourrai expliquer tranquillement ce qu’il y a et ce qu’il n’y a pas dans ce dossier. Ces cinq mois m’ont quand même laissé beaucoup de traces. Je ne sors pas reposé. Au contraire, il me tarde de me reposer.
Comment l’expliquez-vous ?
Je n’ai pas bien dormi. A peine une à cinq heures par jour pendant cinq mois. Sur les trois dernières semaines, je n’ai dormi qu’une heure par jour. Mon organisme y a certainement laissé des plumes. J’espère que ça ne me déclenchera pas de problème de santé. J’ai eu quelques étourdissements, des petits signes de fatigue. Dans les jours et les semaines à venir, je vais quand même faire tous les tests possibles et imaginables. Même si je pense être assez costaud sur pas mal de choses, tout a une limite.
La prison est-elle une expérience qui apporte quelque chose ?
Ça donne la possibilité, pour ne pas dire l’obligation, de réfléchir. J’ai pu le faire pendant cinq mois. J’étais isolé pour éviter d’avoir à répondre aux questions des autres détenus. J’y ai répondu une ou deux fois mais après, j’ai été obligé d’être isolé pour être tranquille et pouvoir réfléchir.
Quels sont vos objectifs pour les prochains mois ?
Je ne veux pas terminer ma carrière en queue de poisson. Dans un premier temps, je me consacre à RMC. Ensuite, j’aimerai entraîner, sous forme de duo, dans un effectif compétitif. J’ai envie de continuer encore une dizaine d’années. Peut-être que ça emmerdera… Je veux terminer ma carrière d’entraîneur avec un titre de champion de France. Le titre de 1999 est toujours en travers de ma gorge.
« Heureusement que l’incompétence et l’idiotie ne sont pas dans le code pénal… »
Vous avez suivi le football. Etes-vous surpris par le parcours de Montpellier, votre ancien club, cette saison ?
Oui. Je suis agréablement surpris par le niveau de performance, par contre au niveau de la qualité de l’effectif ça ne me surprend pas du tout. L’entourage du club est à l’origine des bons résultats, à commencer par Loulou Nicollin. C’est un président atypique qui arrive à sécuriser tout le monde au sein de son club et ça se ressent sur le terrain. Recruter René Girard au poste d’entraineur était la meilleure chose à faire, c’est quelqu’un d’intelligent qui a bien géré l’intersaison. Cette équipe peut tout simplement terminer dans les trois premiers et jouer la Ligue des champions. Les Montpelliérains sont déjà éliminés de la Coupe de la Ligue et de la Coupe de France, à eux de faire en sorte de gagner les quinze finales qui leur reste à disputer en championnat. Avec un bon parcours et sans trop se prendre au sérieux, cette équipe peut réaliser quelque chose de grand. Si Montpellier termine quatrième, je serais très déçu au vu de la qualité de son groupe.
Après cinq mois d’inactivité dans votre rôle de consultant pour RMC, on sent que vous avez envie de parler football...
J’ai pas mal de choses à dire, j’ai beaucoup souffert de ne pas pouvoir donner mon avis sur des sujets importants comme la main de Thierry Henry, le cas Raymond Domenech, Laurent Blanc à la tête de l’équipe de France et j’en passe… J’ai économisé beaucoup de salive pendant mon absence et je compte en faire bonne usage. Il va falloir que je pose les bonnes questions car il y a des choses que je n’arrive toujours pas à comprendre.
Quel sujet vous tient particulièrement à cœur ?
La main de Thierry Henry ! Pour moi, c’est un sujet incontournable. A la base, c’est une erreur d’arbitrage. C’est un but non valable comme il y en a souvent avec notre système d’arbitrage actuel. Je trouve que l’on a usé beaucoup d’encre pour rien. Pour certains, on aurait dû s’excuser, refaire le match, laisser notre place en Coupe du monde… Sincèrement, depuis ma cellule, je me disais « heureusement que l’incompétence et l’idiotie ne sont pas dans le code pénal, car il y aurait des condamnations abominables… »