Autant en emporte le vent !

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Le 19 mars 1977, "la bande à Jacques Fouroux" scelle le deuxième Grand Chelem de l’histoire du rugby français dans le Tournoi des V nations avec une victoire 15-6 sur la pelouse de Lansdowne Road face aux Verts d’Irlande. Le héros du jour s’appelle Jean-Michel Aguirre. Le joueur de Bagnères a planté un essai et deux pénalités.
Onze jours plus tard, c’est l’équipe de France de football qui vient fouler le gazon des joueurs au Trèfle. Les Bleus de Michel Hidalgo ont presque parfaitement commencé leur campagne de qualification pour la Coupe du Monde 78 en Argentine. Ils ont fait match nul avec la Bulgarie (2-2), puis dominé l’Irlande 2-0. Ce match retour face aux Irlandais intervient après deux excellents matches amicaux où la France à battu la Roumanie (2-0) et la RFA (1-0). Si Michel Platini et ses coéquipiers l’emportent à Lansdowne Road, l’Argentine sera au bout de la chaussure.
Un début raté
Mais dès le début il y a un truc qui cloche. Un vent vicieux qui s’engouffre dans le stade aussi vite que le train qui passe sous la tribune présidentielle. Ce vent qui sort de la mine et vous glace les os dans cet après-midi de printemps. Et un match qui vous échappe rapidement. William Brady réchauffe les 45.000 spectateurs à la 11e minute.
La France ne reviendra jamais. « J’ai une belle occasion que je mets à côté, j’avais la rage, se souvient Olivier Rouyer, titulaire ce jour-là. Le gardien a quand même fait deux trois beaux arrêts sur des frappes de loin mais avec le vent c’était compliqué. » Les Bleus prennent froid (1-0), mais ce revers ne les empêche pas d’aller en Argentine…
La fiche technique
A Dublin, Lansdowne Road, le 30 mars 1977
Qualification pour la Coupe du Monde 1977
République d’Irlande-France 1-0 (1-0)
But : Brady (11e)
République d’Irlande : Kearns – Mulligan, O’Leary, Martin, Holmes – Daly, Giles, Brady, Treacy – Givens, Heighway.
France : Rey – Janvion, Rio, Lopez, Tusseau – Bathenay, Synaeghel, Rocheteau – Platini, Lacombe, Rouyer.
Arbitre : M. Linmayer (Autriche)
45 000 spectateurs
Le grand témoin
Olivier Rouyer : «Ça prenait aux tripes »
« Je me rappelle ces vestiaires quelconques. Ça sentait la ferveur, une bonne odeur de sueur... C’était chaud mais déjà vétuste. C’était assez impressionnant pour le joueur de 22 ans que j’étais. C’est la première réalité du football que j’ai rencontrée, en plus on jouait à l’extérieur. Je connaissais les ambiances du Parc des Princes qui était quelque chose de phénoménal mais là, c’était ma plus grande découverte. Tu prends une claque dans la gueule. Il y avait ce grand courant d’air qui passait au milieu, Brrr ! C’était un truc de dingue ! Je me rappelle la causerie de la veille de Michel Hidalgo, elle m’avait grandement impressionné. Les Irlandais sont des mecs qui vous rentrent dedans. Tu dribbles le mec et tu sais qu’il va se relever et essayer de t’arracher. C’est du combat d’homme à homme. Et ce sera pareil le 14 et le 18... »