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Barthez : « Blanc a une légitimité planétaire »

Fabien Barthez

Fabien Barthez - -

Invité de Luis Attaque ce mercredi sur RMC, Fabien Barthez a balayé l’actualité de l’équipe de France. Le « Divin Chauve » estime que Laurent Blanc est l’entraîneur idoine pour ramener les Bleus vers les sommets. Mais pas dès l’Euro 2012.

Ses souvenirs de l’Euro 2000
« Pour moi, c’était la plus belle équipe de France. On avait emmagasiné cette expérience de 1996 et de 1998. L’Euro, c’est ce qu’il y a de plus dur à gagner. On avait tous quasiment la trentaine. A cet âge-là, un joueur de foot est en pleine possession de ses moyens. On était bien dans tous les domaines. Et on avait cette fameuse expérience. On a tous été meilleurs à l’Euro 2000 qu’à la Coupe du monde 1998. Roger Lemerre a été très intelligent parce qu’il a aussi su nous laisser gérer. « Lolo » Blanc et Didier (Deschamps) étaient nos porte-paroles. Zizou n’avait pas besoin de parler, il s’exprimait à sa façon ! Et ça nous convenait très bien. Les choses se faisaient naturellement. On avait une énorme confiance en nous. On sentait qu’il ne pouvait rien nous arriver. A l’intérieur du groupe, on avait un respect de la hiérarchie. On était champions du monde, mais on s’appuyait sur ces valeurs. »

Son souhait pour l’Euro 2012
« Où était le football français, il y a deux ans, après Knysna ? On est reparti d’une feuille blanche. Avec tout ce que cela comporte pour les joueurs au niveau psychologique. J’ai vu récemment le classement FIFA. On est 17e ! C’est une réalité. L’équipe de France est en construction. Ces jeunes joueurs découvrent le haut niveau. Ils ont peu d’expérience. Ils ne sont pas titulaires dans les plus grands clubs du monde. On n’est pas favoris de l’Euro 2012. Mais tant mieux, ça nous enlève de la pression ! Il faut que cette équipe apprenne lors de cet Euro. Elle sera à son apogée dans quatre ou cinq ans. En attendant, il faut découvrir et emmagasiner du vécu. »

L’état d’esprit de la nouvelle génération
« Le football est un peu le reflet de notre société. Et je pense que dans la société, il y a des valeurs qui se sont perdues. Je le ressens dans le foot. Je l’ai ressenti lorsque je suis venu à Marseille. Je suis désolé, moi, j’ai porté les filets et les tables de kiné jusqu’à l’âge de 28 ans ! J’étais pourtant champion du monde. Aujourd’hui, c’est délicat de demander à un gamin de 20 ans de porter un ballon ! Il faut qu’ils reviennent un peu à la réalité, aux choses normales. Il y a des valeurs à respecter. Ça s’est un perdu et ça se ressent sur le terrain. »

Son rôle auprès des gardiens de l’équipe de France
« Je n’ai rien à leur apprendre dans le domaine technique. Sinon, ils ne seraient pas là. Mais je peux leur apporter mes expériences. Les bonnes et surtout les mauvaises. Si je peux leur donner ne serait-ce que 5% de conseils qu’ils peuvent enregistrer, ça peut leur apporter énormément. J’échange beaucoup avec eux, concernant la presse et tout ce qui gravite autour du football. Après, c’est aussi à eux de découvrir par eux-mêmes. Je ne dois pas être trop envahissant. C’est un rôle un peu particulier. C’est pour ça que je ne passe pas énormément de temps avec eux. Parce que je ne veux pas être un poids. J’ai accepté ce rôle une fois que j’ai su que les gars étaient d’accord pour que je vienne. Ils sont ravis. On a une super relation avec Hugo (Lloris), Steve (Mandanda) et Cédric (Carrasso). On se parle même en dehors des rassemblements de l’équipe de France. On échange beaucoup, sur les choses de la vie. Dernièrement, j’ai discuté avec Hugo parce qu’il est devenu papa d’une petite fille. Ça compte beaucoup dans une carrière. Ce sont de nouvelles responsabilités qui influencent un comportement sur le terrain. »

Laurent Blanc doit-il prolonger ?
« Laurent a une relation de confiance avec ses joueurs. Il est honnête. Il leur dit la vérité, que ça fasse mal ou pas. Je vois ça de l’intérieur. Karim Benzema en est l’exemple parfait. Je pense que l’histoire de sa prolongation est un faux problème. L’objectif de Laurent, c’est que les mecs soient heureux dans leur vie et sur le terrain. Il a cette notion de partage. Laurent aime le football. C’est un passionné. Bien sûr qu’il a envie. Mais si tous les jours, tu dois recevoir un coup par-ci, un coup par-là, ça peut te faire baisser les bras. On parle de pure passion. Pas de pouvoir ou de pognon. Laurent a une légitimité planétaire. Il a passé vingt ans dans les plus grands clubs. Il est respecté. Je ne suis pas là pour dire qu’il faut le garder. Mais il représente très bien le football français. Pourquoi s’en priver ? »