Bienvenue dans l’enfer vert

14 octobre 1981, les Bleus de Michel Hidalgo tombent face à une équipe d’Irlande agressive et survoltée par l’ambiance qui règne à Lansdowne Road.

[ Retour au sommaire ]

C’est avec une énorme pression que l’équipe de France débarque en Irlande au cœur de l’automne 1981. Mal en point dans leur groupe de qualification à la Coupe du monde 1982, les hommes de Michel Hidalgo doivent absolument accrocher un résultat. Faute de quoi, ils se retrouveront dans l’obligation de battre les redoutables néerlandais, leaders de la poule, lors du match suivant.
Pour préparer au mieux cette échéance cruciale, les Bleus s’isolent dans un château situé à une quinzaine de kilomètres de Dublin. Un cadre champêtre qui tranche avec l’euphorie régnant dans la capitale irlandaise. « Le jour du match, lorsqu’on a commencé à arriver vers le stade, on s’est rendu compte que ça allait être la guerre », témoigne Bruno Bellone. Au moment où les partenaires de Michel Platini viennent reconnaître la pelouse de Lansdowne Road, les gradins sont déjà pleins à craquer. Et le public est déchainé.

Une entame cauchemardesque

« Dans cette ambiance surchauffée, on s’était dit qu’il ne fallait surtout pas prendre de but », se rappelle Bellone. Au bout de trois de minutes, c’est pourtant chose faite lorsque Philippe Mahut marque contre son camp. Une entame cauchemardesque rapidement atténuée par l’égalisation de Bellone. Mais sous l’impulsion des excellents Brady et Stapleton, les Irlandais étouffent peu à peu les velléités françaises et inscrivent deux nouveaux buts en première mi-temps. Malgré la réduction du score tardive de Platini, les Bleus s’inclinent 3-2 et repartent de Dublin tête basse. Un mois plus tard ils se rattrapent en dominant les Pays-Bas 2-0 au Parc des Princes. L’été suivant, ils s’envolent pour le Mondial espagnol. Le début d’une formidable épopée…

La fiche technique

A Dublin, Lansdowne Road, le 14 octobre 1981
Qualification pour la Coupe du monde 1982
République d’Irlande-France 3-2 (3-1)
Buts : Mahut (3e csc), Stapleton (23e), Robinson (40e) pour l’Irlande ; Bellone (9e) et Platini (83e) pour la France
République d’Irlande : McDonagh – Langan, Moran, O’Leary, Hughton – Whelan, Lawrenson, Martin, Brady – Robinson, Stapleton (Given, 87e).
France : Castaneda – Bossis, Mahut (Bracci, 69e), Lopez, Janvion – Girard, Christophe, Platini, Larios – Couriol, Bellone (Six, 63e).
Arbitre : M. Eriksson (Suède)
55 000 spectateurs

Le grand témoin

Bruno Bellone : « On a pris énormément de coups »
« Je me rappelle parfaitement de ce match. C’était ma première sélection. J’avais 19 ans. Débuter dans un tel contexte, avec l’ambiance et la pression du résultat, c’était quelque chose d’énorme. Dès l’échauffement, on a compris que ça allait être le feu. L’enfer vert, comme ils l’appellent là-bas. Dans les tribunes, les gens faisaient un bruit incroyable. C’est ce formidable soutien qui leur a permis de nous battre. Sur le terrain, je me souviens de l’engagement des joueurs irlandais. Ils ne lâchaient rien, de vrais guerriers ! C’était la première fois que j’affrontais des Britanniques et je n’ai pas été déçu du voyage. On a pris énormément de coups, ça n’avait rien à voir avec le championnat de France. D’un point de vue personnel, le fait de marquer a été un moment exceptionnel mais au final j’étais surtout déçu par notre défaite. Heureusement qu’on a réussi à se qualifier par la suite. »

La rédaction - Alexandre Jaquin