Bleus : les quatre questions qui font mal

Des performances médiocres, un sélectionneur détesté, une image déplorable, après sa qualification poussive à la Coupe du monde 2010, l’équipe de France ne fera pas l’économie d’un examen de conscience.

Cette équipe de France peut-elle gagner la Coupe du monde ?
Sur ce qu’ils ont montré lors du dernier Euro 2008 et lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2010, les Bleus n’ont aucune chance d’atteindre le dernier carré en Afrique du Sud. Ils manquent d’un patron technique respecté et compétent, de leaders capables de fédérer le groupe et d’une défense digne de ce nom. Après la discussion entre le groupe et le sélectionneur à la veille de France-Roumanie, début septembre, on avait constaté une nette amélioration. Plus d’envie, plus de rythme… Mais ce supplément d’âme a déjà disparu. Il faudra le faire renaître absolument pour viser plus haut. Il faudra également ne pas commettre l’erreur suicidaire de se priver volontairement des meilleurs éléments. L’utilisation de Yoann Gourcuff, le seul qui soit capable de faire jouer l’équipe, est déficiente. Pourquoi par exemple a-t-il été déchargé de frapper les coups de pied arrêtés ? La mise à l’écart de Karim Benzema, le meilleur avant-centre français, est également une faute contre le jeu. Ces deux jeunes joueurs doivent être mis dans les meilleures conditions pour exprimer au mieux leurs qualités avec l’équipe de France. La seule chance des Bleus serait un retour de Franck Ribery à son meilleur niveau. On peut espérer également que nos joueurs soient débarrassés de la trouille, insupportable mercredi face à l’Irlande, lors de la phase finale…

Raymond Domenech est-il toujours légitime pour mener les Bleus à la Coupe du monde ?
Les deux matches de barrages ont permis de constater les graves lacunes de Raymond Domenech en matière tactique mais aussi de management. Face à un technicien au palmarès impressionnant et à la compétence reconnue, le sélectionneur français a pris une leçon de football. Côté irlandais, le plan de jeu a été précis et efficace. Le but : réduire au maximum les espaces, isoler le porteur du ballon et empêcher le jeu de prendre de la vitesse. Côté français, les Bleus semblaient n’avoir rien à proposer. Jamais Domenech n’a été capable de répondre tactiquement afin de déborder la lourde défense irlandaise. Quant à son coaching, il a été insignifiant. Comme d’habitude. Selon des témoins, à la pause, sa discrétion a été impressionnante. Aujourd’hui, à six mois de l’ouverture de la Coupe du monde, le remplacement de Raymond Domenech doit encore être débattu…

Thierry Henry doit-il rendre son brassard de capitaine ?
Très soucieux de son image, Thierry Henry est aujourd’hui la cible de toutes les critiques. Sa main volontaire sur l’égalisation française écorne bien évidemment sa réputation de gentleman-joueur. Il serait entré dans l’histoire de son sport s’il avait avoué immédiatement à l’arbitre sa faute. Mais peut-on lui reprocher ce manque de courage ? Arsène Wenger, son manager à Arsenal, lui, avait demandé à la fédération anglais de faire rejouer un match de Coupe, car ses joueurs avaient manqué de fair-play. Une chose est sûre, il aura du mal à se défaire d’une image de tricheur qui pourrait du coup devenir un poids pour l’équipe de France. Dans ces conditions, Raymond Domenech n’a-t-il pas intérêt à lui retirer son brassard de capitaine ? D’autant que sa piètre performance face aux Irlandais fait débat. Incapable de peser sur le match, détaché parfois de l’action, celui qui a pris le pouvoir au sein du groupe a-t-il seulement les épaules pour tenir ce rôle éminent ? La question reste posée…

Patrick Vieira a-t-il encore un rôle à jouer au sein du groupe ?
Le constat est patent : les Bleus manquent cruellement de tauliers. Nicolas Anelka et Thierry Henry, qui ont pris le pouvoir, devront fédérer le groupe s’ils veulent emmener les Bleus au sommet. Un rôle que seul Franck Ribery semble capable d’assumer aujourd’hui. Lors de ces barrages face à l’Irlande, Anelka et Henry se sont plus servis de l’équipe de France qu’ils ne l’ont servie. Par exemple, les deux joueurs, placés dans les couloirs par leur coach, n’ont jamais participé au repli défensif. Un peu gênant dans un 4-2-3-1. La façon ostensible de Nicolas Anelka de guigner la place de meneur de jeu de Gourcuff est un autre signe négatif envoyé au groupe. Le retour de Patrick Vieira serait-il le déclic pour relancer la machine et remettre de l’ordre au sein de cette république des joueurs qui vire à l’anarchie ? Raymond Domenech qui garde un mauvais souvenir de ses relations avec Patrick Vieira lors de l’Euro 2008 ne veut pas en entendre parler.

M.A (RMC Sport)