C’est devenu une affaire d’Etat

La ministre de la Santé et des Sports n'a pas hésité à reprendre au vol Raymond Domenech après la très controversée qualification des Bleus au Mondial 2010, hier soir au Stade de France. - -
L’équipe de France est un enjeu national. En tant que tel, la classe politique veut avoir son mot à dire sur la performance des Bleus. Ce n’est pas nouveau. Tous les responsables politiques avaient déjà absous Zinédine Zidane après son coup de tête lors de finale de la Coupe du monde 2006. L’enjeu des barrages face à l’Irlande n’a pas dérogé à la règle.
Roselyne Bachelot, ministre de la Santé et des Sports a été la plus incisive au lendemain de la qualification pour le Mondial 2010 et la piètre prestation des Bleus. « Mes sentiments sont mitigés entre ce que je pourrais appeler un lâche soulagement et une grande inquiétude », a critiqué la ministre qui n’a pas apprécié une équipe tricolore « absolument asphyxiée », et qui s’en est sortie qu’au prix d’une « grossière erreur d'arbitrage ».
Roselyne Bachelot en a profité pour sévèrement rappeler à l’ordre son sélectionneur : « J'ai envie de lui dire : Raymond, il faut vraiment que tu te mobilises, et que tes gars se mobilisent parce que, nous, les Français, on est quand même beaucoup inquiets et déçus ». Le tacle est rude et inédit : jamais une ministre des Sports n’avait autant tancé les Bleus, et s’était immiscée dans le domaine technique d’un sélectionneur.
« On est un drôle de pays où même quand on est qualifié, on débat et on est triste »
D’autres, à droite comme à gauche, ont été plus modérés. Laurent Wauquiez, secrétaire d’Etat à l’Emploi, s’est dit « soulagé », « mais pas fier d’une victoire avec du bleu à l'âme ». Manuel Valls, maire socialiste d’Evry, préfère retenir le résultat : « Si la France n'avait pas été qualifiée le pays aurait la gueule de bois. Nous sommes un drôle de pays où même quand on est qualifiés, on débat et on est tristes ». Le président de la République, Nicolas Sarkozy, n’a voulu retenir que la qualification qui « s'est faite dans la douleur, mais l'essentiel est là, l'équipe de France s'est qualifiée vaillamment. L'équipe d'Irlande a fait un beau combat. Les Français se sont battus avec détermination. Ce sera un évènement considérable. Finalement on y est, il faut se préparer, malgré les péripéties, il fallait se qualifier ».
Finalement, c’est Nathalie Artaud, porte-parole de Lutte ouvrière, qui a sans doute le mieux résumé la prestation des Bleus : « Je n'ai pas regardé le match mais, si j'ai bien compris, ce n'était pas spécialement glorieux ».