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Ces cinq « armes fatales » qui ont manqué aux Bleus

Didier Deschamps et les Bleus

Didier Deschamps et les Bleus - -

Dominés en première, volontaires en seconde période, les Bleus se sont finalement inclinés face à l’Allemagne. Si le score est étriqué, cette défaite met surtout en lumière les lacunes actuelles de cette équipe de France.

De l’expérience, clairement

120 matches de Coupe du monde pour le onze allemand, 45 pour celui aligné par Didier Deschamps au coup d’envoi de ce quart de finale (une différence de 75, un record pour un match d’un Mondial). Forcément, la balance était très, trop déséquilibrée entre l’équipe de France et la Nationalmannschaft. « On a été battu par une équipe qui a beaucoup plus d’expérience que nous quand même, souligne notre consultant football Luis Fernandez. Ils ont su poser le jeu. »

Les Allemands ont surtout su s’adapter au déroulement du match. Dominatrice en première période, l’équipe de Joachim Löw a parfaitement fait le dos rond en seconde, pour résister aux Bleus. Le tout avec sérénité et autorité, à l’image d’un Mats Hummels (homme du match) et d’un Manuel Neuer, très, très sûrs d’eux. Conclusion : pour Deschamps, vu le pedigree des deux sélections, la France a « peut-être atteint son niveau » du moment sur la pelouse du Maracana.

Du caractère, beaucoup

Donc de la folie et une volonté incompressible de tout casser. « J’ai eu le sentiment que certains joueurs n’y croyaient pas, note Patrick Mboma. J’ai tellement vanté les mérites de cette équipe de France que je m’attendais vraiment à un surpassement collectif que je n’ai pas vu. » Face au Nigeria, les Bleus avaient su se ressaisir au bon moment pour renverser les Super Eagles. Cette fois, ils ne sont pas révoltés. Varane ? Croqué par Hummels sur le but allemand. Griezmann ? Volontaire mais peu mordant. Benzema ? Lui aussi mangé par ce diable d’Hummels.

« On n’a pas fait les choses à fond, martèle Jean-Michel Larqué, qui rappelle la volée de Benzema et le centre en retrait de Griezmann en première période, trop… mous à ces yeux. Ces gestes-là, ces joueurs sont capables de les faire dans un match normal. Dans un match aussi important, tu ne peux pas les faire à moitié. »

Un sang-froid d’assassin, évidemment

« Dans le dernier geste et dans la qualité du dernier geste, il a manqué de l’agressivité offensivement. » Grégory Coupet songe sûrement à cette volée très molle de Karim Benzema en première période. Mais pas que. Les Bleus ont tiré 13 fois au but et ont cadré 9 tirs. Sans jamais tromper Neuer. Les Allemands, eux, n’avaient tiré que 2 fois (et cadrés deux fois) lors des 45 premières minutes… mais ils avaient quand même trompé Lloris. CQFD.

« Il aurait fallu plus d’opportunisme, presque du cynisme, de la part des attaquants pour mettre l’un des nombreux ballons au fond des filets de Manuel Neuer, juge Jean-Michel Larqué. On a eu beaucoup d’occasions. Mais on est tombé aussi sur un grand gardien de but. » Et un Benzema moyen. Parti pour tout casser dans cette Coupe du monde (trois buts en deux matches), le Madrilène s’est progressivement éteint. Au plus mauvais moment. Et Olivier Giroud (1 but, 1 passe) n’a jamais véritablement pris son relais.

Un joker aussi, certainement

Au moment où la France se devait de pousser et d’enflammer la rencontre, il est venu à manquer. Cruellement. Qui ça ? Le joker offensif, la dernière carte que Didier Deschamps aurait pu abattre en fin de match. Jusqu’à présent, celle-ci s’est toujours nommée Antoine Griezmann. Titulaire, ce dernier a bien joué son rôle, aidant notamment Patrice Evra à juguler les montées de Philipp Lahm. Mais ni Olivier Giroud, au profil moins explosif, ni Loïc Rémy, auteur d’une entrée discrète, n’ont su imiter leur coéquipier, qui avait fait exploser à lui tout seul les Nigerians lundi, en 8es de finale.

A tel point que Rolland Courbis regrette presque la non-titularisation du premier. « Démarrer avec Giroud ou non, on pourra débattre toute la nuit, lâche notre consultant football. Sur nos centres offensifs et défensifs, il nous aurait peut-être filé un coup de main. Ce n’est pas pour autant qu’avec lui, on aurait battu les Allemands. » Mais le débat est ouvert, forcément.

Des joueurs-cadres présents le Jour J, tout simplement

Critiqué pour sa piètre prestation face à l’Algérie, Mezut Özil a complètement justifié la confiance que lui a maintenue son sélectionneur, Joachim Löw, face aux Bleus. Insaisissable et très inspiré, il a répondu avec brio à ses détracteurs sur le terrain. Mieux, il s’est illustré au bon moment, comme Mats Hummels, monstrueux dans sa surface et Manuel Neuer, impérial sur sa ligne. Pour gagner, les Bleus devaient, eux aussi, absolument se transcender et compter sur leurs cadres pour cela.

Mais ni Benzema, son leader offensif, ni Mathieu Valbuena, son maitre à jouer, ni Yohan Cabaye, sa sentinelle, ni Patrice Evra, son « grand frère » et ni Raphaël Varane, son roc, n’ont véritablement crevé l’écran vendredi soir. « Pour gagner ce match-là, il faut faire un très bon match. On a seulement fait un bon match, relève Larqué. Certains joueurs ont fait un match moyen par rapport à ce qu’ils sont capables de faire. » Rédhibitoire à ce niveau.

Alix Dulac