Comment Echouafni a soudé les Bleues

Olivier Echouafni - AFP
A voir les sourires et la bonne humeur lors du petit jeu avec ballon des Bleues avant le début de l'entrainement ce mardi, on se dit que l'équipe de France féminine vit vraiment bien. Surtout qu'il n'y a pas si longtemps que ça, cette scène n'aurait pas été possible, ou tout du moins, pas dans les mêmes proportions de bien-être.
Cette belle ambiance et cet état d'esprit sont une des priorités du nouveau sélectionneur Olivier Echouafni. Quelques jours après sa nomination en septembre 2016, il avait d'ailleurs insisté sur l'importance de recréer une "cohésion de groupe", sous-entendu mettre fin au cycle des clans de clubs au sein du groupe tricolore. Pour cela, le sélectionneur a mis en place de nouvelles règles de vie, et a chamboulé les habitudes des Bleues. Au-delà de l'amende pour retard, ou du refus de répondre aux obligations médiatiques, la mesure phare de l'ancien joueurs de l'OGC Nice: ne jamais s'asseoir à côté de la même joueuse pour le repas.
"On se côtoyait mais on ne se connaissait pas"
"Bien sûr on ne peut pas être amie et proche de toutes les joueuses parce qu'on est beaucoup et il y a toujours des affinités dans les groupes. Mais en ne s'asseyant pas à côté de la même personne à chaque repas, en changeant nos habitudes et en devant changer de place tout le temps, on apprend à connaître plus en profondeur et plus intimement une joueuse", avoue la latérale Jessica Houara d'Hommeaux.
Résultat: tout le monde échange avec tout le monde, les différentes générations communiquent, les joueuses ont appris à se connaître ces derniers mois. Finie la facilité de ne rester qu'avec ses coéquipières de club. C'est aussi plus simple pour les nouvelles arrivantes de s'intégrer: "Généralement à une ou deux places près c'était toujours pareil. [...] Chacun avait sa place, la nouvelle qui arrivait allait à la place vacante. Alors que là on est tous les midis à des endroits différents et cela bouscule nos habitudes et nos mauvaises habitudes en quelque sorte que l'on avait", poursuit la la défenseure. II y a quelques mois, Camille Abily n'aurait peut-être pas passer la soirée avec les jeunes qui jouaient au jeu FIFA 17, même si elle "n'est pas du tout jeu vidéo", elle a d'ailleurs "bien rigolé".
Grâce à ces petits changements qui pourraient paraître anodins, les Bleues se sont reconstruit après un nouvel échec aux Jeux olympiques (élimination en quart de finale face au Canada 1-0) et tendent vers un objectif commun. "Malgré les clubs, malgré la rivalité qu'il peut y avoir en championnat ou en Champions League, et ce n'est pas des paroles en l'air, quand on est en équipe de France on ressent vraiment cette équipe de France. Quelque soit notre club d'origine, on s'entend vraiment bien et on parle vraiment avec tout le monde car avant on se côtoyait mais on ne se connaissait pas", confie Camille Abily.
La Réunion, stage fondateur
Cette cohésion trouve son origine dans le stage à La Réunion en janvier dernier où Olivier Echouafni a notamment dû s'affirmer sur certains points comme l'utilisation des réseaux sociaux ou la blessure de Delphine Cascarino, après un premier trimestre d'observations. "On a tout lancé réellement là. Cette cohésion s'est mise en place progressivement et s'est un peu plus matérialisée lors de la SheBelieves Cup. Bien sûr, les résultats y font énormément mais on a senti des choses intéressantes dans le groupe. une cohésion qui se mettait en place, un rapprochement aussi de filles, de clubs, et ça c'est primordial", insiste le sélectionneur avant d'ajouter : "On ne se voit pas souvent mais quand on se voit on apprécie de se revoir. On a envie de vivre de bons moments, prendre du plaisir. Venir ici, ne pas prendre de plaisir, cela me parait impossible. On doit venir ici, être heureuse, arriver dans le château, défendre un seul maillot mais quel maillot".
Cette cohésion doit désormais se transformer sur le terrain à l'Euro. "Quand on est en difficulté sur le terrain, si le groupe vit bien, c'est beaucoup plus facile d'aider la copine, d'aller se tirer chacune vers le haut. Cela marche pour le moment et j'espère que cela va porter ses fruits pour la compétition", espère Jessica Houara d'Hommeaux. Depuis l'arrivée d'Olivier Echouafni à la tête de la sélection, les Bleues sont invaincues en neuf matches et ont remporté la SheBelieves Cup aux Etats-Unis cette saison (en battant les Américaines, numéro 1 mondiales, et en arrachant la victoire dans les arrêts de jeu face à l'Angleterre). A l'aube de l'Euro aux Pays-Bas (qui débute le 16 juillet), compétition où les Bleues n'ont jamais dépassé le stade des quarts de finale, les signes positifs sont là.