Croke Park, ce sont les rugbymen qui en parlent le mieux

Les hymnes d'Irlande - France, lors du tournoi des VI Nations 2007. Victoire des Bleus 17-20. - -
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« La marée verte au stade, ça va être impressionnant ». Les mots en forme d’avertissement sont de Julien Escudé. A l’image du défenseur du FC Séville, les joueurs de l’équipe de France s’attendent à être bougés par le public vert de Croke Park, samedi à 21h contre le Onze du Trèfle. Un chaudron de 82 500 places, le quatrième stade en Europe par sa capacité après le Camp Nou, Wembley et San Siro, poussera comme un douzième homme derrière les partenaires de Shay Given.
Les Bleus vont découvrir une enceinte réservée jusqu’en 2007 aux sports gaéliques (essentiellement football gaélique et hurling), et qui accueille depuis des rencontres internationales de foot et de rugby, le temps de la construction de l’Aviva Stadium, prévu pour avril 2010, en lieu et place de Lansdowne Road. Le XV de France y a joué à deux reprises lors du Tournoi des VI Nations : victorieux en février 2007 (17-20), défait deux ans plus tard en 2009 (30-21).
Vincent Clerc, sauveur des Bleus en 2007 grâce à un essai en toute fin de match (78e), se souvient : « Moi, j’avais trouvé ça particulier et même exceptionnel, affirme l’ailier du Stade Toulousain. Le stade est beau, le public chaleureux et très respectueux. Tu ressens une très grosse ferveur populaire et ça pousse à 2000% derrière leur équipe. Tu es dans l’adversité, quelque part tu sens tout un peuple contre toi. Mais paradoxalement, ça te permet de resserrer les liens. »
Emile N’tamack, coentraîneur du XV de France en 2009, décrypte les prédispositions mentales des Irlandais quand ils abordent ce type de match à enjeu : « Les Irlandais aiment se trouver dans la situation des petits Irlandais face à l’ogre français, ils aiment faire tomber les montagnes. »
Le troisième ligne biarrot Imanol Harinordoquy se risque à émettre un conseil d’ordre tactique à ses homologues du ballon rond : « Je leur souhaite bon courage, ça va être électrique. La ferveur du public irlandais peut étouffer l’équipe de France s’ils ne scorent pas vite, parce qu’après, ils vont jouer contre une armada. »
Mais le sélectionneur Marc Lièvremont, qui aime à positiver ce qui lui arrive, veut croire que l’adversité peut souder, voire fonder, un groupe : « Ce sera peut-être un bon tremplin pour cette équipe de France avant le Mondial sud-africain d’aller s’imposer dans cette adversité où des équipes en sport collectif se construise. » A condition de gagner. Car samedi, Croke Park peut lancer l’aventure d’une Coupe du monde comme elle peut détruire ce qui a été patiemment construit depuis le début de la campagne des éliminatoires. Et ça, seul les footballeurs pourront en parler.